Surfer la vie – Joël de Rosnay

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La voie vers des sociétés plus fluides dans leurs structures et leurs modes de fonctionnement a été ouverte par un profond changement de paradigme, influencé par des progrès scientifiques et techniques. L’approche analytique cartésienne s’est trouvée progressivement mise en cause par les résultats de travaux faisant appel à la transdisciplinarité, et ce dans domaines aussi distincts que la physique, la biologie, l’écologie ou l’économie. Des 1820, Vladimir Vernadsky propose le concept de biosphère – la « couche vivante » qui entoure la Terre comme une peau. Après la lithosphère(roches et minerais), l’hydrosphère (lacs, mers et océans), l’atmosphère (air et nuages), la biosphère regroupe et rapproche tout ce qui vit à la surface de la planète. Encore faillit-il relier entre eux ces différents domaines dans une dynamique équilibrée démontrant l’interdépendance  de tous les animaux, végétaux ou éléments minéraux. La liaison entre les êtres vivants depuis leur origine a été décrite par le concept fondamental d’évolution biologique, issu des travaux de Darwin, et publié dans son célèbre ouvrage de 1850, L’Origine des espèce. Le terrain était préparé pour la grande synthèse offerte par l’écologie, un terme proposé par Haeckel en 1866.
Adam Smith en 1759, et par la suite Einstein, Freud ou encore Teilhard de Chardin, ont tous contribué, chacun dans sa discipline respective, à assouplir les contraintes de la représentation du monde. Ils ont ouvert une brèche en définissant les fondements d’un nouveau paradigme de la fluidité. L’évolution darwinienne démontre l’interdépendance entre les différentes espèces et leur environnement écologique. Adam Smith, inspiré par les physiocrates et leur vision de la nature, définit les bases de l’économie moderne et ouvre la voie à la relation entre écologie et économie. Travaux poursuivis plus tard par Herman Daly, qui intègre à leur théorie les données de la cybernétique. Enstein relie l’espace et le temps, la matière et l’énergie. Freud ébranle la conception que l’homme a de lui-même en mettant au jour les bases inconscientes du comportement et de la relation à l’autre. Teilhard de Chardin tente une synthèse entre le monde chimique, le mon de biologique, le monde anthropologique et la noosphère (la sphère de l’esprit). Il crée une continuité encore plus étendue que celle de Darwin grâce au concept d’évolution généralisée, de l’atome aux sociétés humaines. La découverte de la génétique et l’avènement de la biologie moléculaire, avec les travaux de Monod, Jacob et Lwoff, couronnés par le prix Nobel de médecine en 1968, démontrent les liens étroits entre atomes, molécules, macro-molécules, cellules, organes et organismes vivants. A un niveau supérieur de complexité, l’intégration des différents éléments qui agissent dans l’évolution de la planète se concrétise par le concept de Gaïa, proposé par James Lovelock en 1970. La planète apparaît ainsi comme un système complexe d’interdépendances, d’interrelations et de rétroactions, agissant entre les espèces vivantes et le monde minéral, régulant la température moyenne du globe ou la salinité des océans, déterminant l’apparition ou la disparition des espèces.
Cette évolution s’accélère depuis une cinquantaine d’années grâce à une fusion plus étroite encore entre biologie, écologie et économie. Ce sont la théorie générale des systèmes, proposée par Ludwig von Bertalanffy, la théorie du chaos et la vision fractale de la nature, que l’on doit à des mathématiciens comme Benoît Mandelbrot, les lois d’échelle, la bio-économie, l’économie ou encore la dynamique des réseaux.

p30 Nous sommes formés très jeunes à la concurrence, ce qui conduit fréquemment à accroître les tensions dans les rapports humains. Les attitude de conciliation, de compromis, d’indulgence sont souvent considérées comme autant de manifestations de faiblesse ou de soumission. Jusqu’à présent, notre société fondée sur des valeurs de réputation plutôt masculine, semblait avoir délaissé les valeurs dites féminines – la sensibilité ou la capacité empathique.

p44 principe d’attrition : affirmation du risque calculé
Taux d’attrition. L’attrition, c’est le taux acceptable de pertes…
p49 Appliquer le principe d’attrition, c’est accepter le risque que les avions puissent voler, et donc que certains puissent être perdus. Un choix qui se justifie par la reconnaissance de la réalité naturelle de l’imperfection des choses et/ou de l’impossibilité naturelle de maîtriser le hasard. La vie, en somme… Cette prise de conscience, cette acceptation de l’imprévisible (ou de l’imprédictible), libérerait la société d’une anxiété aussi prégnante qu’irrationnelle. Elle permettrait aussi d’évoluer vers une société ouverte, moins égoïste, plus altruiste, plus emphatique et plus solidaire. En définitive plus fluide.

p59 De très nombreux surfeurs exerçant par ailleurs des activités professionnelles ou artistiques ont avoué que leurs meilleures idées avaient pris naissance au milieu des vagues et en harmonie avec la nature – les nouveaux projets, l’établissement de réseaux de collaboration, en un mot l’inspiration. Plus encore, chacun d’eux participe à sa manière à quelque chose qui le dépasse, dans un milieu qui rapproche de l’écosystème naturel.

p69 Les surfeurs se sentent proches de la nature. Ils utilisent la force et l’énergie de l’océan et puisent leurs ressources physiques et mentales dans la qualité du milieu dans lequel ils vivent en symbiose : eau pure, vagues cristallines, sable blanc, dunes sauvages, végétation naturelle sont les éléments essentiels qui les motivent et stimulent leurs efforts. On a vu les effets sur la création scientifique et l’innovation, d’être immergé dans un milieu avec lequel on a plaisir à faire corps.

p71 Pour surfer sa vie, il faut savoir se créer des instants d’une riche intensité. L’éternité peut se loger dans l’intensité de l’instant et pas seulement dans le prolongement infini d’un plaisir interminable. Jouir de moments de grande intensité émotionnelle ou intellectuelle, reliés les uns aux autres pour créer une mémoire, et savoir varier ses créations, comme l’artiste peintre ou le musicien qui, à peine leur oeuvre terminée, pensent à la prochaine. Comme dans la vie. Il faut « ramer » pour réussir.

p80 Créer du lien, c’est produire du sens, pour sa vie et pour celle des autres. Comme le remarque avec pertinence Thierry Janssen : « Pour donner du sens à sa vie, il faut créer du lien avec les autres. » Au lieu de la seule utilisation de techniques numériques et virtuelles qui peuvent conduire à l’isolement devant des écrans, les jeunes doivent retrouver la relation réelle, physique, biologique, à l’autre et les valeurs qui s’y attachent.

NetGen & NetKids p83
Le jeunes de la NetGen détestent devoir attendre pour acquérir le droit de participer à la vie de la société. Ils n’aiment pas la façon dont l’Autorité impose de prendre des précautions. (…) Ce pouvoir de rébellion leur paraît indispensable pour se préserver de l’Autorité. (…) Ils reprochent au monde de l’entreprise de brider leur liberté individuelle. De même, ils éprouvent dans l’exercice de leurs fonctions un sentiment de solitude, voire d’inutilité, ou une impression de passivité face aux actions essentielles qu’ils pourraient entreprendre.
Pour toutes ces raisons, intégrer une entreprise représente souvent un choc pour les NetKids. Ils y découvrent des notions également absentes sur Internet. Au lieu du partage, de la solidarité, de la comparaison des informations, ils sont confrontés à la hiérarchie, avec les « petits chefs » qui cherchent à leur imposer une autorité qu’ils ne perçoivent pas comme légitime. Trop de contrôle, trop de rapports pour justifier ses actes, trop d’horaires imposés, sans compter l’interdiction de résoudre des problèmes complexes  à plusieurs, comme ils sont habitués à le faire sur les réseaux sociaux, les décisions arbitraires et une certaine forme d’humiliation publique lorsque les tâches n’ont pas été accomplies selon les règles.
En 2016, les NetKids représenteront 30% des consommateurs, 95% des nouveaux embauchés et 95% des nouveaux écoliers, et les plus âgés d’entre eux auront 30 ans. Il est plus qu’indispensable pour les entreprises de se préparer à leur entrée massive sur le marché du travail, en prévoyant des stages, en assurant la souplesse des profils de poste, en favorisant l’excellence des outils numériques et en autorisant l’usage de ceux auxquels la NetGen est habituée. Elles devront aussi favoriser le travail des jeunes en groupe en encourageant les compétences multiples et complémentaires ; s’efforcer d’améliorer l’atmosphère de travail, le respect de la personne, l’empathie, la variété et la diversité des tâches, la réduction des niveaux hiérarchiques et la participation aux décisions qui concernent l’activité en cours ; créer des réservoirs d’idées (think tank) ; récompenser les intra-preneurs et adapter en permanence la formation aux nouveaux métiers, tels le management par projet, et aux évolutions de l’environnement de entreprise.
p86 Les « empty heads » parce que d’après Derrick de Kerckhove, « ils ont externalisé leurs processus cognitifs ». Ils recherchent toujours une information sur Google plutôt que dans les livres, et font encore plus rarement appel à leur mémoire. (…) Ils favorisent l’émergence d’une intelligence collective domptons ignorons l’ampleur.
p89 La co-éducation intergénérationnelle : enjeu du troisième millénaire ?
p98 « Par téléphone cellulaire, ils accèdent à toutes personnes ; par GPS en tous lieux ; par la toile, à tout le savoir ; ils hantent donc un espace topologique de voisinages, alors que nous habitions un espace métrique, référé par les distances. »

p102 Dans cette société, une forme de démocratie participative peut naître de trois révolutions majeures, à peine entamées en 2012 : le mouvement mondial des Makers ; le mariage du numérique et de l’énergétique avec les smart grids (réseaux intelligents de transport de l’électricité) ; les réseaux sans fil auto-organisés (mes networks).

p108 De nombreux espaces dévolus aux travaux des mares/ doueurs existent dans le monde. Par exemple, le Tinkering Studio à San Francisco. Le mot Tinkering (« bricolage ») est important car il renvoie à un aspect fondamental de l’évolution biologique, par réutilisation d’innovations résultant de mutations aléatoires et de la sélection naturelle. Le biologiste François Jacob, prix Nobel, a d’ailleurs utilisé le terme de bricolage pour décrire les principes de base de l’évolution darwinienne à partir de la réaffectation des éléments utilisés dans une espèce et transposés dans une autre. (…)
Des ateliers communautaires de microfabrication personnalisée, se sont développés partout dans le monde. Ainsi les FabLabs, initialement lancés par Neil Gershenfeld, du MIT. (…) Existent également de nombreux studios et ateliers de hackers, tel le Hacker Space de San Francisco, appelé NoiseBridge, ou TechShop (…) Certaines organisations font même référence à la notion de « flux » artistiques et musicaux. Ainsi la Flux Foundation, pour laquelle il faut mettre de l’art dans la science et de la science dans l’art. D’où de nombreux projets pratiques, originaux et au design recherché. Ces différents maker spaces, ou espaces de joueurs, sont de véritables micro-usines personnalisées, des MUPs.
p110 Au lieu du secret industriel, du cloisonnement, des rapports de pouvoir et des rapports de force, tout dans ces ateliers est ouvert, convivial, accueillant pour les nouvelles idées, aussitôt diffusées, partagées, testées. On applique les principes de la démonstration de faisabilité (proof of the concept), du tâtonnement par essais et erreurs (trial and error). Expérimentation, évaluation et convolution sont les mots clés de cette quête de l’innovation et du respect des idées des autres.

p114 Polémiquer sur l’avenir énergétique de la France en opposant le nucléaire aux énergies renouvelables est une démarche stérile et désormais inadaptée. Les deux options peuvent être complémentaires, mais sur une période de 20 à 30 ans, car tout dépendra de la transition souple du Mox vers le MIX, le combustible des dé-centrales éco-énergétiques. (…) Le MIX est l’ensemble interconnecté des énergies renouvelables directes et des sources d’énergie indirectes, incluant les économies d’énergie, l’efficacité énergétique et les moyens de stockage.
Un internet de l’énergie : la Smart Grille.

p121 Un modèle de réseau intelligent de production et de régulation de l’énergie nous est offert depuis des millions d’années par la bioénergétique. Les plantes, les animaux, de même que les êtres humains, produisent et consomment leur énergie à partir de la photosynthèse et de la respiration selon des processus complémentaires, le premier à partir de l’énergie solaire captée par la chlorophylle des feuilles et transformée en aliments énergétiques, le second à partir de la combustion de ces produits dans les mitochondries, ces minuscules chaudières qui existent dans toutes les cellules. Cette énergie produite sous forme d’ATP (Adénosine TriPhosphate) est le combustible universel des êtres vivants. L’analogie avec la Smart Grid est tentante : le corps adapte en permanence la production et le stockage de l’énergie à son niveau d’activité. Il produit l’ATP selon ses besoins et met en réserve l’énergie non utilisée sous forme de glycogène dans le foie ou sous forme de lipides (graisses). Grâce à des molécules comme l’insuline, la régulation de l’utilisation de l’énergie et sa mise en réserve se font automatiquement.

p148 Vers le web symbiotique : une « toile” biologique et symbiotique
On comprend bien l’immense avantage du web symbiotique dans le cadre d’une société fluide reliant des individus à travers des réseaux de plus en plus denses. Ces réseaux leur permettent à la fois de communiquer et d’agir sur leur environnement devenu sensoriel, c’est-à-dire capable lui-même de se réguler, de s’adapter, de se contrôler, de s’informer, en fonction des variabilités extrêmes qu’il est amené à connaître. Cela représente évidemment l’aspect positif de cette évolution. Le revers de la médaille est plus inquiétant. L’extraction possible d’informations sur toutes les actions individuelles, leur localisation, leur objectif et leur résultat, fait entrevoir le risque d’une société qui ne serait plus « fluide », mais fondée sur des rapports contraints et rigides, contrôlés par quelques-uns. En même temps, le Web symbiotique ouvre la voie à une manière de surfer la vie sans contrainte physique, sans contact réel avec son environnement et ne temps réel. Une sorte de dédoublement de la personnalité, de délocalisation du corps, de téléprésence, assurant une grande légèreté par rapport au mon de matériel et catalysant la possibilité d’une convergence des esprits, comme le pressentait Teilhard de Chardin dans la noosphère. Fiction ou réalité, l’avenir nous le dira.

p160 Ces garde-fous de l’ordre moral et de l’ordre social (le chef de l’Etat, le prêtre, le père, le professeur, le juge, le général, le « flic », le patron ou le médecin de famille) étaient acceptés par les anciennes générations au même titre que les institutions qu’ils représentaient. Ni les uns ni les autres n’étaient discutés : on en respectait les impératifs et on s’en remettait à leur autorité. Aujourd’hui, on remet en cause la légitimité du pouvoir et les conditions de son application. On oppose à l’exercice direct du pouvoir l’action par influence, la motivation et l’intelligence collective. Ce que revendiquent et réclament les Indignés du monde entier, c’est une transition vers une forme de démocratie corégulée par les citoyens. L’influence, la motivation et l’intelligence collective impliquent la liberté de choix plutôt que la contrainte, tandis que l’exercice direct du pouvoir doit s’appuyer sur la force physique, la contrainte juridique, économique, psychologique ou morale. Sa légitimité repose sur la puissance que confère la possession d’un « capital politique » ou le contrôle d’un capital énergétique ou financier. L’influence, elle, catalysée par les médias et les réseaux numériques, s’appuie sur la force des idées et de l’exemple. Elle peut impliquer l’accès à un « capital-savoir » partagé dans les réseaux.
Le pouvoir pyramidal conduit à agir sur les structures pour modifier la société. Le pouvoir en réseaux cherche à modifier les esprits pour changer les structures. C’est pourquoi la génération internet, formée aux échanges en réseaux, s’élève contre toute forme d’abus de pouvoir. Pour tenter de le contourner, elle cherche à opposer à la hiérarchie institutionnelle et à la centralisation des pouvoirs la mise en oeuvre permanente d’une hiérarchie fondée sur les compétences et a décentralisation des responsabilités. La pyramide traditionnelle de l’autorité, de la discipline et de la domination se transforme en une organisation plus « horizontale », plus fluide, ressemblant à celle d’un organisme vivant. Dans ce type d’organisation, la puissance, l’élitisme, les rapports de force sont remplacés par le rayonnement, la participation, la motivation intérieure, les relations d’association, la complémentarité, les rapports de flux.

p164 Relations, interdépendances et équilibres des grands cycles de la nature (cycles du carbone, de l’oxygène, de l’eau, photosynthèse et respiration…) sont fondés sur le pluralisme, la diversité et la causalité mutuelle. Il n’y existe pas de logique d’exclusion, mais au contraire une logique d’association et de complémentarité qui peut conduire à l’émergence de valeurs associatives débouchant sur la tolérance, l’empathie, le respect des idées et des cultures.
Comment se fait-il que nous n’ayons pas réussi à intégrer, dans notre vision des sociétés modernes et dans nos modes d’action, ces valeurs et ces approches issues des évolutions les plus marquantes des sciences de la complexité ? (…) Ce sont les liens physiques, chimiques, biologiques qui tissent l’étoffe de l’univers et les liens humains qui donnent du sens à la vie. Or on forme des élites dans des grandes écoles techniques ou d’administration pour produire des objets matériels ou pour administrer des personnes conçues comme des objets destinés à se fondre dans de grandes organisations. Ni les mathématiques, ni le droit ne suffisent aujourd’hui pour manager sur le long terme la complexité des villes, des sociétés, sans parler de celle du monde. La critique fondamentale de la raison, de la logique d’exclusion et des pouvoirs qui y sont attachés se porte aujourd’hui, de manière diffuse, sur le progrès technique, sur les finalités de la recherche ou de la croissance? D’où cette attitude extrême, antiscience, anti technologie, antirationnelle, que l’on rencontre sur tant de campus universitaires.

p174 Comme le dit clairement Luc de Brabandère : « Si nous voulons permettre aux jeunes d’être créatifs dans le monde de demain et de résoudre des problèmes « nouveaux », il ne faut pas les enfermer dans un savoir qui ne sera plus jamais exhaustif et qui risque de les engloutir : l’ignorance, tout autant que la connaissance, peut être une voie d’accès à la pensée créative. Il faut développer chez les étudiants la pensée transversale, celle qui jette des passerelles entre les matières et les spécialités, établit des liens entre les notions, les concepts, les cultures. Il faut entretenir le feu de leur curiosité en les invitant sans cesse à l’étonnement, au questionnement. » Ce qui compte désormais, ce sont moins les diplômes que les connaissances au sens large, y compris la sensibilité, la créativité, l’imagination.

p182 J’ai tenté de sélectionner ces principes d’humanité tels qu’ils ont été décrits par les grands philosophes et mis en pratique par les cinq grandes religions. Il n’est pas interdit de penser que leur application par de hauts dirigeants politiques et industriels ouvrirait des voies nouvelles pour affronter et surmonter la crise qui frappe le monde.
Voici mes sept règles et concepts pour surfer harmonieusement et intelligemment la vie : le respect de la diversité ; le respect de l’autre ; l’altruisme ; l’empathie ;  la responsabilité individuelle et collective ; la fraternité ; la spiritualité laïque.

p190 Patrick Viveret
Il nous faut nous « désintoxiquer de nos peurs qui conduisent à l’enfermement identitaire, de cette dépression qui compense de plus en plus mal l’excitation maladive du désir de possession ou de consommation. »
« Il est essentiel de montrer qu’il est possible de vivre intensément ce voyage de vie conscient dans l’univers qu’est l’humanité, et que cette intensité peut être liée la paix avec hauturier avec soi-même, c’est à dire à de la sérénité. »
Il nous appartient « d’inventer une autre vision du politique, pleinement écologique, citoyenne et planétaire, qui placerait le désir de l’humanité au coeur de sa perspective. »

p194 Les principes du donnant-donnant (tit for tat) d’Axelrod sont à la base des échanges emphatiques permettant de surfer la vie de concert avec les autres. Il recommande par exemple de ne pas être jaloux de la réussite de l’autre ; de ne pas être le premier à faire cavalier seul ; de pratiquer la réciprocité dans tous les cas ; de ne pas se montrer trop malin ; d’enseigner aux gens à se soucier les uns des autres ; d’éviter de se montrer susceptible si l’autre fait cavalier seul de manière injustifiée ; de faire preuve d’indulgence (de bienveillance) après avoir riposté à une provocation ; d’avoir un comportement transparent pour que l’autre joueur puisse s’adapter à votre mode avion ; d’enseigner la réciprocité (donner de la valeur à l’altruisme) ; d’améliorer les capacités de reconnaissances (la stratégie et le « profil » de l’autre) ; de savoir reconnaître la coopération et la réciprocité ; enfin de se montrer soucieux de ses actes dans le futur. Tous ces principes sont liés à l’altruisme, une doctrine éthique qui prescrit d’agir (ou de s’abstenir d’agir) de manière à maximiser le bien-être du plus grand nombre d’êtres sensibles.

p204 Interview de Frans de Waal par Daniele Boone (http://www.daniele-boone.com/lage-de-lempathie-par-frans-de-waal/)
«  La relecture du monde par Frans de Waal est passionnante. Il adhère totalement à notre devise, Liberté, Égalité, Fraternité. Les Américains ont développé démesurément la liberté, et ça ne marche pas. Les Européens, l’égalité mais cela ne marche pas non plus. Et tout le monde a oublié la fraternité. Il serait temps d’en faire une devise universelle en prenant bien soin d’équilibrer les trois composantes. Nous serions alors dans cet âge de l’empathie que Frans de Waal appelle avec beaucoup sincérité. Il y va sans doute de la survie de notre espèce. »

p205 Nous vivons une « gouvernance par la peur », c’est dire dans laquelle la peur de dangers extérieurs – qu’ils soient climatiques, épidémiques ou politiques – est utilisée par les dirigeants politiques pour rassembler les citoyens tout en évitant d’avoir à définir des valeurs communes sur lesquelles construire l’avenir.

p226 Sur Hessel, Morin et leurs écrits, tout a déjà été dit. Si je ne devais retenir que deux phrases dans l’esprit de ce livre, ce seraient les suivantes, car leurs propos, comme celui d’Habermas, est de « dénoncer le cours pervers d’une politique aveugle qui conduit au désastre, d’énoncer une voie politique de salut public et d’annoncer une nouvelle espérance ». Ils appellent à une insurrection des consciences : « Nous souhaitons contribuer à la formation d’un puissant mouvement citoyen, d’une insurrection des consciences qui puisse engendrer une politique à la hauteur de ces exigences » – en fait l’émergence de pouvoirs transversaux dans cette nouvelle forme de société que j’appelle fluide.

“Tout ce qui monte converge” Teilhard de Chardin

Où cours-tu ? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi ? – Christiane Singer

“Le monde menace de tomber en agonie si nous ne réveillons pas en nous cette faculté de louange. C’est l’intensité qui manque le plus à l’homme aujourd’hui. Où est en nous le désir, l’ardeur ? Où est cet amour qui nous tient éveillés?”

“Seul celui qui a osé voir que l’enfer est en lui y découvrira le ciel enfoui. C’est le travail sur l’ombre, la traversée de la nuit qui permettent la montée de l’aube.”

“La vie nous casse nos idéologies au fur et à mesure de notre avancée, les bonnes comme les mauvaises. La vie n’a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire. Et si elle n’a pas de sens, c’est qu’elle va dans tous les sens et déborde de sens, inonde tout.”

Tu ne sais jamais, chaque geste peut déplacer une étoile
“De quelle manière le visible est-il relié à l’invisible, le sacré au profane, le corps à l’âme ? Par mille fils emmêlés les uns aux autres et réunis en un noeud. Des sages d’Asie Mineure demandèrent à Alexandre le Grec en désignant le noeud gordien : “sais-tu de quelle manière les mondes sont reliés entre eux ?” Il répondit à la texane comme un quelconque terminator au rabais, par un geste qui lui valut l’admiration des sots : d’un coup de sabre ! En coupant en son milieu le noeud, il entérine le drame de l’Occident : la mort de la relation, l’ère de la dualité, le terrorisme du “ou bien, ou bien” qui traverse toute l’institution de notre imaginaire, du politique à l’informatique (élaborée sur le deux). Dès lors le prodigieux déploiement de la richesse qui habite entre les pôles, l’espace même de la respiration est sacrifié.Le noeud exprime le mystère du monde créé. Rien n’est ni linéaire, ni causal, ni prévisible. Le noeud nous dit : prends soin du monde et tout ce qui te rencontre.(…)
Cette certitude que tout, aussi minime en apparence et à chaque instant, puisse être relié à la face cachée du monde, transforme radicalement la vie. Le brouillard de l’insignifiance est levé.”

Les corps conducteurs
“L’amour de l’amour est aussi cette folie dont je n’ai jamais voulu être soulagée. Beaucoup s’en détournent, veulent en être guéris. Je me suis faite l’entomologiste de tout ce que l’amour faisait vibrer en moi, grésiller, tressaillir, de tout ce qui battait des ailes, remuait de minuscules pattes, vrillaient des trous et des galeries dans ma chair. L’amour qui lie l’homme à la femme, la femme à l’homme etl’homme et la femme à l’amour, n’entrouvre son mystère qu’à ceux qui ne craignent pas de souffrir.(…)
“L’amour n’est pas définissable”, dit Ibn Arabi. Il est une aspiration, une énergie qui attire l’être tout entier vers son origine divine”Nous n’avons que l’amour pour avoir accès au réel. Que nous le souhaitions ou non, que nous le soupçonnions ou non, l’amour nous révèle l’irrémédiable unité de la créature et de l’entière création. Avant même que nous ayons poussé un soupir, l’immensité nous a déjà bus. L’amour nous livre le Mystère de l’Un, nous y accueille après que nous ayons franchi le seuil de l’effroi.Se perdre ! Oui, pour se trouver.(…)
Ce ne sont plus deux êtres qui se retrouvent face à face avec leur histoire et le bataillon de mercenaires qui les constituent (soient les mille aspects de leur personnalité réciproque) mais deux espaces abolis – deux corps de résonance, deux corps conducteurs. Une double absence claire et lumineuse dans laquelle la présence s’est engouffrée.”

“A choisir, à étrangler un aspect, on étrangle l’autre avec… La révélation qui attend le sage à la fin de sa route est toujours semblable dans toutes les traditions : le deux est Un.”

“Insaisissables. Voilà comment se réveillent la mémoire et la vie. Imprévisibles ! Tu tires un fil et tu ne sais jamais ce que tu vas ramener au bout. Tu mords dans une madeleine et tout Combray vient avec. Tu souris à un enfant et c’est le ciel qui s’ouvre. Tu cherches un timbre, une photo jaunie tombe entre tes mains, te voilà enseveli sous une avalanche de passé. Tu tires un bout de ficelle et tu tiens un Dieu par la patte.”

” Les morts sont partis. Au lieu même qu’il abandonnent, ils ne laissent qu’un miroir. De loin, tu les aperçois encore qui se meuvent, prennent des postures, s’agitent. Quand tu es assez proche pour tendre la main, tu heurtes la paroi glacée du miroir et tu comprends que toute cette gesticulation que tu observais tantôt, ces mines, ces contorsions étaient les tiennent. Partout tu ne vois que toi. Cette réalité là, sur terre, est ton oeuvre. C’est toi, l’unique instigatrice du complot de ta vie, l’unique meneuse. Et tu n’as rencontré dans les autres, dans l’autre, ta vie durant, que des images prétracées, déformées tant par tes rêves que par tes peurs. Jamais encore ton regard n’a été vierge. Tu n’as VU PERSONNE. Tu ne connais personne, non, Adrien, nous ne nous connaissons pas.Je ne voudrais pas mourir sans avoir sur toi levé les yeux. Des yeux neufs.”

Nouvelle Terre – Eckart Tolle

Le corps de souffrance féminin


Les tribus, les nations et les races ont toutes leur corps de souffrance collectif, certains étant plus lourds que d’autres. La plupart des membres composant cette tribu, cette nation ou cette race y prennent part dans une plus ou moins grande mesure.
Presque chaque femme participe au corps de souffrance féminin, qui a tendance à s’activer particulièrement juste avant le moment des règles. Durant cette période, bien des femmes sont envahies par d’intenses émotions négatives.
La suppression du principe féminin, en particulier depuis les derniers 2000 ans, a permis à l’ego de s’approprier une suprématie absolue dans la psyché humaine collective. Même si les femmes ont bien entendu des ego, c’est chez l’homme que l’ego peut prendre racine et grandir plus facilement. La raison à cela est que les femmes sont moins identifiées au mental que les hommes. Elles sont plus en contact avec le corps subtil, avec le corps énergétique et l’intelligence de l’organisme d’où les facultés de l’intuition proviennent.
La forme féminine est moins rigidement fermée que la forme masculine. Elle fait preuve d’une plus grande ouverture, d’une plus grande sensibilité envers les autres formes de vie. Elle est plus syntonisée sur le monde la nature.
Si l’équilibre entre les énergies féminine et masculine n’avait pas été détruit sur notre planète, la croissance de l’ego aurait grandement été réduite. Nous n’aurions pas déclaré la guerre à la nature et nous ne serions pas autant dissociés de notre être intérieur.

Personne ne connaît le chiffre exact parce qu’on n’a pas tenu compte des faits, mais il semble certain que pendant une période de 300 ans, entre 3 et 5 millions de femmes aient été torturées et tuées par la “Sainte Inquisition”, une institution crée par l’Eglise catholique romaine pour supprimer l’hérésie.
Avec l’holocauste juif, ce génocide représente un des plus sombres chapitres de l’histoire humaine.
Il suffisait durant cette période qu’une femme aime les animaux, qu’elle marche seule dans les bois ou les champs, ou qu’elle ramasse des plantes médicinales pour qu’on la qualifie de sorcière, qu’on la torture et qu’on la brûle sur le bûcher.
A cette époque, on déclara le féminin sacré comme démoniaque et toute une dimension de l’humain disparut en grande partie. D’autres cultures et religions, comme le judaïsme, l’islam et même le bouddhisme, supprimèrent la dimension féminine, quoique de façon moins violente. Le statut des femmes fut réduit à la maternité et au fait qu’elles étaient la propriété des hommes. Des mâles reniant le principe féminin même en eux régentaient dorénavant le monde, un monde totalement déséquilibré. Le reste, c’est de l’histoire, ou plutôt une histoire de fous.

Et qui est responsable de cette peur du principe féminin, que l’on pourrait uniquement décrire comme étant une paranoïa collective aigüe ? On pourrait bien sûr dire que ce sont les hommes. Mais alors pourquoi, dans de nombreuses civilisations pré-chrétiennes, comme les civilisations sumérienne, égyptienne et celte, les femmes étaient-elles respectées et le principe féminin révéré au lieu d’être craint ? Qu’est-ce qui a soudainement fait que les hommes se sont sentis menacés par le principe féminin? C’est l’ego croissant en eux. L’ego savait qu’il pouvait prendre le contrôle total de notre planète seulement par le principe masculin.
Alors pour y arriver, il fallait rendre le principe féminin impuissant.
Avec le temps, l’ego s’est aussi emparé des femmes, bien qu’il ne pourra jamais s’incruster en elles comme il l’a fait chez les hommes.
Actuellement, la suppression du principe féminin est intériorisée, même chez la plupart des femmes. Vu que le féminin sacré est supprimé, il est ressenti par beaucoup de femmes comme une souffrance émotionnelle.
En fait, il fait partie intégrante de leur corps de souffrance, avec la souffrance accumulée par les femmes au cours des millénaires avec l’accouchement, le viol, l’esclavage, la torture et la mort violente.
Mais aujourd’hui, les choses changent rapidement. Puisque beaucoup de gens deviennent de plus en plus conscients, l’ego perd de son emprise sur le mental humain. Etant donné que l’ego a toujours eu moins d’emprise sur les femmes, il perd plus rapidement du terrain chez les femmes que chez les hommes.
(…)
Même si le blâme semble plus que justifié, aussi longtemps que vous blâmerez les autres, vous continuerez à sustenter votre corps de souffrance avec vos pensées et vous resterez prisonnier de l’ego.
Il n’y a qu’un seul bourreau sur la planète, l’inconscience humaine.
C’est le fait de réaliser cela qui constitue le véritable pardon.
Avec le pardon, votre identité de victime se dissout et votre véritable pouvoir émerge, le pouvoir de la présence.
Alors, au lieu d’accuser l’obscurité, vous faites surgir la lumière.

Les tactiques de Chronos – Etienne Klein

Introduction
P16
Le temps risque toujours d’être identifié aux phénomènes qu’il contient. Or ce qui s’écoule dans le temps n’est pas la même chose que le temps lui-même. (…)
C’est donc à de petits exercices de déconstruction, à une sorte d’effeuillage du temps que nous voulons nous consacrer.
Notre démarche sera dans un premier temps apophatique, comme disent les philosophes : nous cherchons à circonvenir le temps en disant ce qu’il n’est pas.

L’horloge est-elle si parlante ?
P22
Le temps loge hors de l’horloge.

Le mot “temps” ou l’embarras des dictionnaires
P27
Pascal disait du mot temps qu’il est un mot “primitif”, au sens où il fait partie de ces termes si fondamentaux qu’il serait impossible – et de toute façon inutile – de les définir.
“Le temps est l’image mobile de l’éternité immobile.” Platon
À la prolifération du signifié, elles (les définitions) répondent par l’éparpillement des métaphores.

Un fleuve qui ne coule pas de source
P36
Le changement et l’impermanence expriment paradoxalement

Les temps d’avant Chronos
P43
Le cours du temps assure la continuité du monde (durée) pendant que la flèche du temps y produit des histoires et des nouveautés ineffaçables (devenir).

L’arrêt du temps ou l’abolition du monde
P46
La recette de Schrödinger pour arrêter le temps, le baiser sincère :
“Aimez une fille de tout votre cœur, écrivit-il un jour, et embrassez-la sur la bouche : alors, le temps s’arrêtera, et l’espace cessera d’exister.”
P48
Dès lors que “quelque chose” est là, il y a nécessairement du temps, même si dans ce “quelque chose” nulle dynamique ne semble à l’œuvre : dans un univers statique, de glace ou de mort, le temps reste ce renouvellement du présent sans chose que change.

Avec le temps, tout ne s’en va pas
P54
La loi de conservation de l’énergie a donc une signification qui dépasse largement sa formulation habituelle: elle exprime rien de moins que la pérennité des lois physiques, c’est à dire leur invariance au cours du temps.
P56
On suppose que ce qui a pu varier au cours du temps, ce ne sont pas les lois elles-mêmes, mais les constantes universelles qu’elles font intervenir, par exemple la constante de la gravitation universelle.

L’ennui ou le temps mis à nu
P61
D’abord, l’ennui désintoxique notre rapport au temps : rien ne s’y passe, sauf le temps qui passe. Il nous met donc en contact avec un temps réduit à la seule succession des instants, débarrassé de tout ce qui d’ordinaire l’enrobe ou le parasite. Il s’agit en quelque sorte d’un chalumeau temporel : il consume ce qui n’appartient qu’à la périphérie du temps, démaquille la relation que nous avons avec lui, laisse voir son squelette. Ne restent que les tic-tac. (…)
Il prépare l’émerveillement, comme on déploie une nappe blanche sur la table, les jours de fête” (…).
Il décolle le temps de l’existence comme on décolle le papier peint du mur.

Qu’est ce qui fait passer le temps ?
P69
Le cœur du temps existe moins dans la ligne par laquelle on le figure que dans la dynamique cachée qui construit cette ligne.

Les sept plumes de l’aigle – Henri Gougaud

“Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles qu’on n’ose pas les faire. C’est parce qu’on n’ose pas les faire qu’elles sont difficiles.”

“Tes misères, tes peurs, tes défauts sont périssables. ne leur accorde pas plus d’importance qu’aux nuages qui passent. Ils ne sont rien d’autre que cela. Des nuages. Ne cherche pas la perfection. Qui cherche la perfection se condamne à l’angoisse et à la culpabilité perpétuelles.”

“Le monde, l’existence, les rencontres de hasard, ce qui arrive ou n’arrive pas, tout cela est-il raisonnable ? La vérité, c’est que nous ne cherchons pas à comprendre mais à réduire les prodiges de la vie à la dimension de la coquille de noix où notre esprit a fait son nid (…). Pourquoi réduire ? Pour posséder, pour tenir fermement le monde, un monde illusoire certes mais qu’importe, pourvu qu’il soit à notre pauvre mesure.”

“Je crois que mon père est venu au monde avec un fardeau qu’il pouvait à peine porter. Il n’a pas su s’en défaire. Comme il a dû mourir fatigué ! Il n’a pas pas pu m’aimer. Il n’a pas eu la force (…). J’ai fait de lui, non pas le père qu’il ne pouvait pas être, mais un homme. Car de longtemps, il fut à mes yeux toutes sortes de monstres, mais certes pas un être humain. A vrai dire, il fut surtout un bouc. Pas n’importe lequel : l’émissaire, celui que l’on charge de tous les maux et que l’on chasse à coups de pierres hors du village en lui braillant derrière que tout est de sa faute, tout, nos misères, nos lâchetés, notre peur de mourir, le froid qu’il fait, la pluie, et nos boutons de fièvre, et nos crises de foie !  Elle s’en va la pauvre bête sous les cailloux, sous les insultes. Mais nos maux s’en reviennent, plus fringants que jamais. Je connais des gens qui passent leur vie à consommer des boucs.  Je l’ai changé en homme. J’y ai mis le temps, mais j’y suis arrivé. Dîtes, n’est ce pas de la belle sorcellerie ?”

“L’eau est une porte. Le vent, la pluie, la nuit, la neige, les pierres sont aussi des portes. Par n’importe laquelle de ces portes tu peux entrer dans la paix.”

“J’étais réellement à l’intérieur de moi, dans ce creux de moi où étaient de la tendresse, de la bonté, de l’amour. Je suis resté les yeux fermés, j’ai respiré tranquillement. Pour la première fois de ma vie, j’ai goûté l’air. J’ai senti une force vivifiante pénétrer mon corps. C’était comme un baptême. Le baptême de la nuit. Et tandis que je respirais cet air froid, m’est venue un immense sentiment de reconnaissance. J’inspirais, l’air vivifiait mon corps. J’expirais, des millions de petits “moi”, dans mon souffle, sortaient émerveillés. C’était comme une danse. Le monde venait à moi dans sa grandeur, et moi, tout ébloui, j’allais à sa rencontre. J’ai fait ainsi quelques minutes, puis j’ai ouvert les yeux et j’ai regardé la nuit. C’était un corps. Un corps prodigieux, scintillant. Je me suis levé et je suis parti.”

“Il me répétait tous les jours que je ne devais pas me laisser engluer dans mon bavardage mental, que la seule connaissance qui vaille était dans le vivant et que je devais aller l’y chercher comme l’on joue, les yeux ouverts, les oreilles dressées, les narines en éveil et la langue à l’affût.”

“Peu à peu mon bavardage mental s’est fatigué de lui-même. Il s’est tari, il s’est perdu comme une rivière dans les sables du désert.”

“Tu vois Luis, c’est ça un cerveau. Un vieux salaud qui te tient par les couilles et qui te raconte n’importe quoi pour t’empêcher de sortir de sa prison.”

“Ce n’est pas la rigueur qui te conduira où tu veux aller, ce n’est pas l’ascèse, ni la souffrance, ni ce que tu crois avoir compris. C’est l’épice. Le parfum de la force aimante.”

“Ce n’est pas ce que je dis qui est important, c’est ce que tu sens. Entre dans ta Pachamama, dans la terre de ton corps. Goûte, flaire, écoute, palpe, tiens-toi à l’affût dans le silence de ta terre. Au fond du silence, quelqu’un dort. Souffle sur son visage, il ouvrira les yeux, et tu verras tomber une plume du ciel, la septième. La plume de l’éveillé. Dès qu’elle aura touché ta tête tu sauras marcher vraiment, sans béquilles, les yeux ouverts. Tu ne seras plus prisonnier de tes caprices, de tes humeurs, de tes croyances, de tes rêves, de ton passé.”

“La liberté des anges, celle qui baigne dans l’amour de tout ce qui vit.”

Le secret de Shambhala – James Redfield

La onzième prophétie révélée

P117
Si vous voulez régler votre champ de prière pour capter la synchronicité, vous devez vous mettre dans un certain état d’esprit. Il est facile de saisir intellectuellement ce qu’est la synchronicité, mais si vous n’êtes pas convaincu que votre champ de prière va vous aider, vous ne ferez qu’entrevoir des coïncidences de temps à autre. Dans certaines situations cela suffit; vous serez poussé à aller de l’avant pendant un moment, mais finalement vous perdrez la bonne direction. La seule façon d’établir un flux constant de synchronicité est de rester dans un état où votre champ de prière entretient ce flux d’énergie qui peut vous aider – un état de vigilance permanente.

P122
Souvenez-vous qu’à un haut niveau d’énergie, ajouta-t-il, notre champ de prière agit très rapidement. La plupart des êtres humains sont habités par un mélange d’images où coexistent la peur et le désir de succès; ces attentes tendent donc à s’annule mutuellement, affaiblissant l’effet du champ.
Assurez-vous toujours que votre esprit est focalisé sur le chemin positif de votre vie, et non sur des attentes pleines d’appréhension.

P124
Vous devez vous montrer vigilant et imaginer que la totalité du processus se réalise : il faut formuler votre question existentielle, recevoir une intuition puis la mettre en œuvre, et enfin débusquer les coïncidences.

P151
Que nous éprouvions de la peur ou de la colère, nous devons comprendre que ces émotions proviennent d’une seule source : les aspects de notre vie auxquels nous voulons nous accrocher.
Selon les légendes anciennes, la peur et la colère émane de notre crainte de perdre quelque chose. Par conséquent, seul un détachement total peut nous permettre d’éviter ces émotions.

P203
Progressivement, nous en sommes venus à nous consacrer exclusivement à nos chemins spirituels, aux perceptions synchronistiques, à la découverte de nouvelles vérités sur notre existence et à la façon de diffuser ces informations vers l’extérieur.
(…)
En effet, pour obtenir que la technique soit totalement au service de notre développement spirituel individuel, chacun de nous doit prendre conscience que la connaissance spirituelle est plus importante que l’argent oublié pouvoir sur autrui.
(…)
Le niveau général atteint par chaque culture est presque entièrement déterminé par le niveau de conscience de ses membres sur deux points principaux : l’existence de leurs champs de prière et le façon de les élargir consciemment.
(…)
Vous savez déjà comment nous avons maitrisé la technologie et l’avons mise au service de notre évolution spirituelle intérieure. Cette découverte vous permet d’étendre davantage votre énergie vers l’extérieur, parce que vous pouvez maintenant placer cette attente au centre de votre champ de prière.
Il eus important que vous saisissiez comment cela fonctionne. Vous savez déjà comment projeter un champ de prière devant vous, sur cette terre, et vous savez comment le régler de façon à ce qu’il augmente l’énergie et le flux synchronistique en vous et chez les autres. Mais vous pouvez l’étendre encore un peu plus. Vous devez, bien sûr, visualiser que votre champ élève le niveau d’énergie de ceux qui vous entourent, les incitant ainsi à puiser dans leurs intuitions spirituelles. Cependant il convient que vous le fassiez en sachant parfaitement où vous conduiront les intuitions spirituelles, les vôtres comme les leurs : vers une civilisation spirituelle idéale comme celle que vous voyez ici à Shambhala. Lorsque vous y parvenez, vous aidez les autres à trouver quel rôle ils doivent jouer dans cette évolution.

p217
La prochaine étape du processus de la vie consiste à aider un enfant à développer sa conscience. Souvenez-vous, chacun de nous oublie partiellement la raison pour laquelle il (ou elle) est venu sur terre, ce que nous projetions de faire de notre vie. Par conséquent, l’enfant a besoin qu’on lui explique les circonstances historiques entourant le moment de sa naissance.
Il est important que l’enfant connaisse tout le contexte de sa naissance, les événements qui ont précédé sa venue au monde, afin qu’il découvre sa place ici bas. Cela inclut donc l’histoire personnelle de sa famille sur plusieurs générations. (…)
Tashi, par exemple, a eu la possibilité de voir ses ancêtres, sur plusieurs générations, lui raconter leur vie, leurs rêves, leurs succès et leurs échecs, et, à la fin de leur existence, ce qu’ils auraient aimé faire différemment. Tous ces renseignements transmis par ses ascendants constituent une source d’information capitale pour un jeune. Cela l’aide à projeter le cours de sa propre vie en tenant compte des erreurs de ses prédécesseurs et à puiser dans leur sagesse et leurs savoirs.

P263
Il est très important que nous évitions de visualiser la méchanceté de ceux qui vivent dans la peur. Certes nous devons faire preuve de réalisme et prendre des précautions, mais si nous ressassons leur conduite ou imaginons qu’ils nous veulent du mal, nous envoyons alors de l’énergie à leur paranoïa. Il est donc essentiel de ne pas laisser nos esprits visualiser les choses mauvaises qui pourraient éventuellement nous arriver parce que, ainsi, nous envoyons une prière qui crée ce que nous craignons le plus.

p265
Tout commence avec la prise de conscience que notre énergie de prière est réelle, qu’elle s’écoule hors de nous et affecte le monde extérieur.
Une fois que nous avons admis cette idée, nous pouvons comprendre que ce champ, cette influence que nous avons sur le monde extérieur, peut être élargi, mais il nous faut commencer par la Première Extension.
Nous devons améliorer la qualité de l’énergie que notre corps absorbe physiquement. les aliments lourds et traités créent des acides qui se solidifient dans nos structures moléculaires ; ils affaiblissent nos vibrations et finissent par provoquer des maladies. Les aliments vivants ont un effet alcalin et renforcent nos vibrations.
Plus nos vibrations sont pures, plus il est facile de nous brancher sur les énergies internes plus subtiles dont nous disposons. Selon les légendes, nous pouvons apprendre à inspirer de façon conséquente ce niveau supérieur d’énergie en utilisant notre perception croissante de la beauté comme instrument de mesure. Plus notre niveau d’énergie s’élève, plus nous percevons la beauté des choses et des êtres. Nous visualiserons mieux ce niveau supérieur d’énergie qui s’écoule de nous vers le monde extérieur en nous servant de nos sensations d’amour pour évaluer ce qui se produit. Ainsi, nous nous branchons sur notre énergie interne, comme nous l’avons appris au Pérou. Mais maintenant que nous savons que, en visualisant cette énergie comme un champ s’écoulant devant nous, où que nous soyons, nous pouvons acquérir une force plus durable.
La Deuxième Extension commence lorsque nous savons régler ce champ de prière afin qu’il augmente le flux synchronistique de notre vie. A cette fin, nous devons rester conscients et très vigilants, en nous attendant à ce que de nouvelles intuitions ou de nouvelles coïncidences fassent progresser notre existence. Cette attente projette notre énergie hors de nous, encore plus loin, et la rend plus stable, parce que désormais nous alignons nos intentions sur le processus programmé de la croissance et de l’évolution, processus intégré dans l’univers lui-même.
La Troisième Extension implique une nouvelle attente : nous anticipons que notre champ de prière rayonne et accroisse le niveau d’énergie chez les autres ; qu’il les pousse à se centrer sur leur connexion intérieure avec le divin et sur l’intuition de leur Moi supérieur. Cela augmente, bien sûr, nos chances d’obtenir d’eux, en retour, des informations intuitives qui élèveront encore notre niveau de synchronicité. C’est l’éthique interpersonnelle dont nous avions déjà entendu parler au Pérou, mais nous savons maintenant comment utiliser le champ de prière pour le fortifier.
La Quatrième Extension commence quand nous découvrons l’importance qu’il y a à ancrer et à conserver le flux de notre énergie, malgré les situations qui déclenchent notre peur ou notre colère. Nous y réussissons en demeurant toujours détachés par rapport aux événements, même lorsque nous nous attendons à ce que le processus de la vie progresse de lui-même. Nous devons toujours rechercher un sens positif, et toujours, toujours anticiper que le processus nous sauvera, quelle que soit la situation. Une telle attitude mentale nous aide à rester centrés sur le flux de l’énergie et nous empêche de nous appesantir sur des images négatives, sur ce qui pourrait arriver en cas d’échec.
En général, si une image négative nous vient à l’esprit, nous devons nous demander s’il s’agit d’un avertissement intuitif, et, dans ce cas, prendre les mesures appropriées. Nais il nous faut toujours revenir à l’attente qu’une synchronicité supérieure nous aidera à dépasser ce problème. Cette attitude ancre notre champ, notre flux d’énergie, grâce à la puissante attente que les hommes ont toujours appelée la foi.
En somme, la première partie de la Première Extension concerne la façon de maintenir notre énergie à un haut niveau. Une fois que nous y sommes parvenus, nous pouvons chercher à étendre encore notre énergie.
La prochaine étape de la Quatrième Extension commence lorsque nous nous sommes convaincus que l’humanité progresse vers l’idéal exprimé dans la dixième révélation et réalisé par Shambhala. Pour que notre énergie s’écoule encore plus loin et de façon encore plus puissante, il faut une foi authentique. C’est la raison pour laquelle il est capital de comprendre Shambhala. Savoir que Shambhala a appliqué cet idéal amplifie notre attente que le reste de l’humanité puisse l’accomplir. Il nous faut visualiser que tous les êtres humains maîtriseront la technologie et l’utiliseront au service du développement spirituel. Et qu’ensuite ils se concentreront sur le processus de la vie lui-même, sur la raison réelle de notre présence sur cette planète : créer une civilisation consciente de notre rôle dans l’évolution spirituelle, et enseigner ces valeurs à nos enfants.

P271
– Selon les légendes, nous devons sincèrement reconnaître qu’ils existent. Notre esprit moderne a beaucoup de mal à admettre ce type de chose. Nous sommes prêts à trouver les dakinis ou les anges fascinants, en tant qu’objet d’étude, mais pas à les rencontrer dans la vie quotidienne.
– Alors que faire, selon toi ?
– Surveiller attentivement la moindre manifestation de luminosité…

P302
Commencez par l’énergie du créateur dit-elle. Laissez la pénétrer dans votre corps et vous remplir complètement. Puis faites-la s’écouler à partir de votre crâne et à travers vos yeux. Laissez-la pénétrer le monde extérieur, dans un champ de prière constant, jusqu’à ce que vous ne voyiez plus que la beauté et ne sentiez plus que de l’amour.
Redoublez de vigilance, anticipez que ce champ sort de vous et stimule les champs spirituels des deux espions au-dessus de nous, les poussant à puiser dans leurs intuitions.
Maintenant, commença Natalie, nous pouvons déléguer nos pouvoirs aux anges.
Reconnaissez sincèrement l’existence des anges et, très consciemment, visualisez qu’ils se dirigent vers les deux espions.
Ensuite avec toutes vos attentes, visualisez que les anges amplifient nos champs de prière. Chargez-les de donner de l’énergie au Moi supérieur de ces deux hommes..

P308
L’important, c’est de commencer à construire un réseau “mental” conscient. Qui relie les guerriers entre eux.

Le pape des escargots – Henri Vincenot

Les artistes sont l’élite ! L’élite était le levain des campagnes et les campagnes se vident vers le capitales pour y faire des chiens savants ! Gilbert et moi ? Nous sommes les dernières racines qui vous retiennent encore à votre sol… Moi, je sers le Verbe, lui est le prêtre de la Forme, c’est la seule différence ! Nous sommes tous deux les dernières gouttes de ce sang qui a porté la vie de l’esprit dans tous les recoins des combes bourguignonnes ! Après nous, vous vivrez comme des ilotes, parce que vos derniers grillons se seront tus, et vous crèverez d’ennui, alors vous ferez comme les autres, vous irez les rejoindre dans leurs cités modèles…”

Et d’abord, ce n’est pas une chapelle, c’est un système imaginé pour tirer la santé du fond de la terre ! C’est moi le grand druide qui te le dis !
(…)
Au fond du trou brillait une eau transparente et, parmi les gravats, ils trouvèrent une figure grossière de femme assise posant le pied sur un serpent. – le puits celtique ! Râlait la Gazette. Le contact d’eau ! La Dame-de-sous-terre avec son pied sur la Vouivre !
(…)
Non, je ne me suis pas trompé : c’est pour capter la Vouivre que j’avais fait construire cette chapelle sur l’emplacement de notre Dolmen brisé par Saint Martin, saint Martin l’iconoclaste !
(…)
Et ce porc paraissait tenir un fil et un fuseau. – et voilà la truie ! cria le vieux. – la truie ? demanda Gilbert. – oui. C’est la signature du Druide. Partout où tu verras une truie, il y a un druide ! Car en celte, les mots “truie” et “druide” sont presque les mêmes. La truie qui file, c’est le druide qui remonte le fil de la connaissance, c’est l’Initié ! Tu verras des cochons qui filent dans les recoins les plus discrets des cathédrales  de la bonne époque. Il y a une truie qui file à Chartres, à Autun, à  Notre Dame, et bien d’autres encore.
(…)
Les derniers grands druides ont fait comme moi : ils sont entrés dans les ordres, pas si bêtes ! “Appris ? ricana la Gazette, croyez-vous qu’on apprenne ces choses ? On les connaît depuis des millénaires, ou plutôt elles vous possèdent depuis le commencement du monde ! Il suffit d’avoir la simplicité de bien vouloir se laisser faire… Le talent, monsieur, c’est l’obéissance, l’acceptation. Notre Gilbert est celui qui a accepté d’être l’interprète, en toute humilité…
– Ta passion mégalithique ne t’a pas coupé l’appétit, je parie ? -Bien au contraire. Tu sais que le jeûne est de rigueur pour le solstice…
– Je sais que le carême… Disait le chanoine
– … Qui encadre le solstice… Coupait le vieux.
– … Mais qui précède l’agonie du Christ… Continuait l’abbé.
– Pour mieux fêter la résurrection du soleil, continuait le vieux. (…)
– le jeûne est une nécessité astronomique ! A cette époque solaire, un impératif magnétique, aussi nécessaire que l’inclinaison de l’axe de ta cathédrale de 46 degrés et 54 minutes sur le parallèle  ! Aussi fondamental sur le rapport entre le parallèle et les dimensions de ton sanctuaire ! Aussi inévitable que la place du maître autel là où l’avaient placé les constructeurs, qui étaient de grands initiés ! Aussi conséquent que l’eau des fonts baptismaux ! Aussi impérieux que la construction de vos cathédrales sur les anciens lieux dolmeniques !
– que me chantes-tu là Gazette ? Le solstice te tourne la tête ! Les lieux dolmeniques n’ont aucun rapport avec les cathédrales !
– alors chanoine, dis moi pourquoi la Vierge, dans tes cathédrales, met le pied sur le serpent ? Pourquoi les saints Michel transpercent le dragon de leur lance, sinon pour symboliser le contact du sanctuaire avec la Vouivre, ce courant tellurique, qui affleure là, et pas ailleurs, pour le capter et en faire profiter les hommes ?
(…)
La Vierge qui devait enfanter est un symbole vieux comme le monde, curé ! Les vieux Druides honoraient, dans la forêt carnute, à Chartres, la Virgo paritura bien avant la naissance du Christ, clergeon ! Mais tes cathédrales ne sont que des perfectionnements du dolmen ! Regarde les bien. Regarde aussi les dolmens : cette énorme dalle posée sur deux rangées de pierres dressées, c’est la voûte posée sur ses piliers, et tout cela orienté dans le même sens que tous les dolmens du monde ! Aux mêmes endroits. C’est de la pierre sous tension qui capte et amplifie les courants telluriques !la cathédrale, c’est l’athanor parfait, avec contact d’eau ! A la fontaine Belise, pardi, je prie Belisa, épouse et sœur de Belen, grand Dieu des Gaules, un et inconnaissable !
(…)
– C’est la même (la déesse païenne et la vierge Marie), ma mie ! La terre nourricière fécondée sans autre recours que celui du ciel, le pur espoir des hommes ! (…)
– C’est le sceptre d’Osiris, le Dieu ressuscité, symbole du renouveau de la nature qui renaît de sa pourriture. Il figure à la partie supérieure du pschent des Pharaons, puis on le voit dans la main d’Aaron, puis c’est le bâton de Moïse qui refleurit… C’est aussi, hélas ! La crosse de l’évêque, qui n’en mérite pas tant, car c’est l’attribut des Grands Initiés et les évêques d’aujourd’hui ne sont plus que de grands Ignorants, des jean-foutre mitrés qui suppriment les pèlerinages sur les lieux dolmeniques, changent la place géométrique de l’autel dan les sanctuaires, construisent des églises qui ne sont que des halles mortes, sans référence aux astres, ni à l’écliptique, ni au Nombre, ni à l’heptagone. L’heptagone ! L’étoile à sept branches ! Symbole de l’incarnation ! L’imprégnation du quaternaire matériel par la trinité !
(…)
Tout est musique, ma mie, parce que tout est harmonie, et l’harmonie est rapport… L’harmonie régit les rapports. Elle s’exprime en nombres. Avec la canne, on peut construire l’univers ou une cathédrale. Une cathédrale qui fonctionne… On peut mettre en harmonie le monument avec la Terre !
(…)
Tout est en harmonie avec le temps, ma mie. La seconde est neuf huitièmes, la tierce est six huitièmes, la quarte est vingt-sept vingtièmes, la quinte est de trois demis, la sixte est de huit cinquièmes… Dans une cathédrale, la tierce donne les chapiteaux du chœur, la quinte donne le chapiteau du triforium et l’octave donne les chapiteaux de base de la voûte…
(…)
Tu vas toucher la vierge noire, qui n’est autre que Belisama, la Vierge-de-sous-terre. Elle te donnera le réconfort… Puis la Gazette continuait par les hauteurs d’Aubigny, saluait les tumulus de Civry, buvait aux sources de la Vandenesse, et longeait les à-pics de Baume, don le soleil au matin sculptait les crevasses et, de là, gagnait Maconge. Un géographe pouvait voir qu’il longeait ainsi, du haut des belvédères, la ligne de faîte qui partage les eaux entre Seine, Loire et Rhône. En réalité, et si l’on y regarde de plus près, on peut voir qu’il suivait à peu près la grande faille qui coupe la région en deux et gagne le vieux Morvan. Les savants d’aujourd’hui l’appellent la faille de Mâlain. Lui y voyait la tête de la grande Vouivre, ce serpent par lequel les Celtes personnifiaient les courants mystérieux. Pas à pas, il en suivait les méandres, jalonnés par les hauts lieux druidiques, sur les crêtes, aujourd’hui désertes, où l’on n’entend plus que les pattes de renards gratter sur les cailloux.
(…)
Salut Maconge, toit du monde celtique ! Maître des trois versants ! Centre sacré du triangle des eaux ! Tête de la Vouivre source d’éternelle jeunesse ! Je tire ma force de la terre. Du contact de la terre. Si les Saintes écritures disent : “ôte ta chaussure de ton pied, et cætera, et cætera”, c’est pour que le pied soit en contact direct avec notre sainte Terre, vierge et mère ! Dans vos voitures, avec vos semelles de caoutchouc, vous êtes des cadavres ambulants ! Isolés de votre mère, comment voulez-vous recevoir le courant qui donne la Grande Illumination ?
(…)
Vandalisme clérical Le premier scandale ce sont ces chaises, ces bancs qui encombrent ce sanctuaire qui doit être un”chemin” que l’homme doit parcourir dans le bon sens, pieds nus ! C’est ainsi que vos ingénieurs fabriquent l’électricité : ils font tourner un rotor dans un champ magnétique ? Pas vrai ? Dites moi que je me trompe ! La voûte est calculée pour capter le courant magnétique et baigner l’homme qui suit le chemin en dansant, dans le sens inscrit… Ce sens était inscrit dans le sol, le vrai sol de ton église !
(…)
Ton église, curé, est un violon dont les ignorants ont bouché les ouïes et enlevé les cordes ! Haha ! Il ne vivre plus depuis longtemps ton violon ! Et pour comble, vous avez déplacé l’autel, et vous avez mis l’officiant à l’envers du courant qu’il doit recevoir et transmettre ! – et quel serait le but de toute cette magie ? demandait l’archiprêtre amusé ? – transformer l’homme, curé. L’ouvrir aux lois de l’harmonie naturelle qui lui donne l’équilibre psychique et corporel, source de santé et de bonheur ! – tu sens cela, Gazette, lorsque tu entres dans une église ? – vous y avez faussé tellement de choses que le vieil athanor est détraqué… Mais il marche encore un tout petit peu. Oui je sens cela. Nous, les poètes, nous percevons ces choses mieux que les autres ! Ces rythmes nous atteignent jusqu’au tréfonds !
(…)
Mais le vieux continuait : il montrait les tiges perlées, les ours dressés, les combats de coq, les acanthes, qui n’étaient que de la chélidoine, symbole celtique, les feuilles de charme, sculptés dans la pierre. Il y voyait, lui, les clairs témoins du druidisme le plus pur.
(…)
La Gazette faisait à sa façon l’exégèse de chaque chapiteau, il retrouvait Balaam, le Moabite, le pourfendeur d’Hébreux, il retrouvait son âne, encore un âne ! Ou plutôt une ânesse du bestiaire du douzième siècle, dont aucun guide ne donnait judicieuse interprétation. Il retrouvait la chouette que les maniaques de l’hellénisme appellent, on ne sait trop pourquoi, Minerve-Athena, il retrouvait le cochon du cinquième pilier, l’ours et les sangliers et les deux vouivres embrassées. Tout pour lui était la preuve que l’édifice avait été construit pour soigner et guérir l’humanité en captant et en amplifiant cette Vouivre dont il radotait sans cesse.
(…)
Pourquoi, dans votre liturgie, ces invocations à l’étoile de mer ? A l’arche d’alliance ? A la porte du ciel ? A la tour d’ivoire ? Au siège de la connaissance ?
(…)
Tu lui diras, à ton archiprêtre, que la Vouivre est là dessous  ! Si elle n’était pas là, auraient-ils ménagé, entre les deux tours, une chapelle dédiée à Saint Michel ? Saint Michel qui transperce le dragon de sa lance, c’est le signe : le dragon, c’est la Vouivre, le cheval c’est le Kabbale, et Saint Michel, c’est l’Initié qui sait entrer en contact avec la Vouivre et est capable de la dompter. Voilà la clé !…
(…)
Ce sont les allusions les plus transparentes aux recherches philosophales, avec cet adepte portant matras, autour de la Mère Suprême, la Ghae des grecs, la terre matrice d’où tout est sorti ! Voici même ce qu’ils appellent, faute de mieux, “la dormition de la Vierge”. Cela ne fait-il pas plutôt penser eux vers de Salomon à la fin du Cantique des Cantiques : “oh ! N’éveillez pas la belle avant que le temps n’en soit venu !”. A propos de mandorles, ces amandes énormes d’où sortent les Christ en gloire, sur les tympans des onzième et douzième siècles, savez-vous leur signification profonde ? La mandorle, c’est tout simplement la vulve ! Haha, la vulve originelle qui nous livre le fils de l’homme ! Haha ! Mais moi, Gazette, Grand Druide, pape des escargots, je vas vous répondre : cette chimère n’est ni dans la bible, ni dans l’évangile : c’est la Vouivre ailée des gaulois, et ce cochon, encore une fois, c’est la truie, l’emblème druidique… Et tout cela signifie que ce sanctuaire est un athanor druidique, bande de crapauds vérolés !
(…)
– Cet escargot est le point le plus émouvant de tout l’édifice. Il explique tout.
– un escargot qui explique ?
– l’escargot donne le sens de la giration du monde, l’environnement de tout ! Ici, il signifie que l’édifice est le “Lieu des Forts”, que c’est un vase dont le contenu se divinise ! L’escargot prouve que le courant vital, Spiritus mundi, est ici concentré et capté pour réaliser la mutation de l’homme !
Écoutez donc ce que disait Saint Augustin : “… Ce que l’on appelle aujourd’hui “religion chrétienne” existait chez les Anciens et n’a jamais cessé d’exister depuis le commencement des temps, jusqu’à ce que le Christ étant venu, on commençât d’appeler “chrétienne” la vraie religion qui existait des le commencement du monde !”

Le livre des coïncidences – Dr Deepak Chopra

Le livre des coïncidences
Vivre à l’écoute des signes que le destin nous envoie.

P43 “Matière, conscience mentale et esprit”
A tout instant, cette onde-particule peut être soit une particule, soit une onde, parce que nous ne pouvons pas connaître à la fois sa position et sa vitesse. En fait, il s’avère qu’à moins que nous mesurions sa position ou sa vitesse, elle est simultanément une onde et une particule. Ce concept est connu sous le nom de principe d’incertitude de Heisenberg, et c’est l’un des éléments fondamentaux de la physique moderne. (…)
Parce que l’observation est la clé menant à la définition de l’onde particule en tant qu’entité unique, Niels Bohr et d’autres physiciens ont cru que seule la conscience était responsable de la réduction de l’onde-particule. On pourrait dire, alors, que sans la conscience, tout n’existerait qu’en tant que paquets d’énergie potentiels, ou comme pur potentiel.
Sans conscience agissant en tant qu’observateur et interprète, tout n’existerait que comme pur potentiel. Ce pur potentiel est le domaine virtuel, le troisième niveau d’existence. Il est non localisé et ne peut être réduit ou diminué, il est sans fin et englobe tout. Nous connecter à ce potentiel est ce qui nous permet d’accomplir des miracles.
Hyper espace de Minkowski.
Paradoxe d’Einstein-Podolsky-Rosen.

P55 “La synchronicité dans la nature”
C’est dans le monde animal que les exemples de synchronicité sont les fréquents, parce que les animaux sont davantage en contact avec la nature essentielle des choses. Nous autres humains perdons notre sens de la connexion au milieu d’un tourbillon de soucis -payer le loyer, choisir quelle voiture acheter, ou un million d’autres distractions. Dès que nous développons un ego, une sensation d’un “je” qui est différent de toutes les autres personnes, ces liens sont obscurcis.

P73 “La nature de l’âme”
Nous devons nous abandonner à l’incertitude tout en appréciant sa complexe beauté.
Toute créativité est basée sur les sauts quantiques et l’incertitude. A certains moments particuliers, des idées véritablement nouvelles émanent du gisement collectif d’information. Ces idées n’ont pas pris source dans un individu fortuné, mais dans la conscience collective. C’est pourquoi les découvertes scientifiques importantes sont souvent réalisées par deux personnes ou plus simultanément. Les idées circulent déjà dans l’inconscient collectif, et les esprits préparés sont prêts à traduire cette information. C’est la caractéristique du génie que d’être capable de saisir le connaissable alors que personne ne reconnaît encore sa présence.
(…)
Vous êtes l’infini, considéré à à partir d’un point de vue spécifique et localisé.
(…)
Une âme est l’observateur qui interprète et fait des choix basés sur le karma, c’est également une confluence de relations, de laquelle émergent des contextes et du sens, et c’est ce flux de contexte et de sens qui crée l’expérience.

P82 “L’intention”
Les textes védiques anciens connus sous le nom d’Upanishad déclarent : “Vous êtes votre plus profond désir. Tel votre désir, telle votre intention. Telle votre intention, telle votre volonté. Telle votre volonté, telle votre action. Telle votre action, telle votre destinée.”
(…)
C’est pourquoi, si vous voulez vraiment vous évader de l’ordinaire, vous devez apprendre à penser et à rêver l’impossible. Ce n’est qu’avec des pensées répétées que l’impossible peut être rendu possible, au moyen de l’intention de l’esprit non localisé.
(…)
Lorsque nous ne nous définissons que comme un “je” individuel, nous perdons la capacité d’imaginer ce qui existe au-delà des frontières de ce que l’on croit traditionnellement possible. Dans le “je” universel, tout est non seulement possible, mais tout existe déjà et n’a besoin que de l’intention pour tomber dans ou être réduit à une réalité dans le monde physique.
(…)
L’intention est une graine dans la conscience ou dans l’esprit. Si vous y prêtez attention, elle possède en elle-même les moyens de sa propre réalisation. L’infini pouvoir d’organisation de l’intention orchestre d’innombrables détails simultanément.
(…)
L’intention est le mécanisme à travers lequel l’esprit se transforme en réalité matérielle.
Une spiritualité mature demande la sobriété de la conscience. Si vous êtes posé, vous êtes sensible à l’information en retour tout en étant indifférent à la critique et aux éloges. Vous apprenez à lâcher prise et vous ne vous souciez plus du résultat. Vous êtes confiant dans le résultat et commencez à voir la synchronicité qui sans cesse s’organise autour de vous. L’intention fournit des occasions auxquelles il faut être vigilant. La chance, c’est la rencontre de l’opportunité et de la préparation. L’intention vous offrira certes des opportunités, mais il vous vous faudra tout de même agir lorsque celles-ci se manifesteront.

P124 Le rôle des coïncidences
Le soir, au moment d’aller vous coucher, asseyez-vous quelques minutes et imaginez que, sur l’écran de votre conscience, vous observez tout ce qui s’est passé durant la journée. (…)
Le film est terminé. Puis, en allant vous coucher, dites-vous : “tout comme je viens de récapituler la journée, je donne à mon âme, mon esprit, mon subconscient, l’instruction d’observer mes rêves.
(…)
Il serait utile que l’Univers nous fournisse un immense indice, ou une boussole géante, si vous préférez, qui nous montre la direction à prendre. En fait, la boussole est là. Pour la trouver, il vous faut seulement regarder en vous même et découvrir le désir le plus pur de votre âme, son rêve pour votre vie. Asseyez-vous en silence. Lorsque vous découvrez ce désir et comprenez sa nature essentielle, vous détenez un flambeau inextinguible qui peut se traduire et se manifester sous forme de symboles archétypaux.

P130 Désirs et archétypes
Dans notre vie sur terre, cette âme individuelle ne sera comblée que si elle accomplit sa quête mythique, que nous pouvons considérer comme le Grand Plan autour duquel notre destinée est organisée. Chaque être humain est porteur d’un thème dominant, sorte de modèle de vie héroïque, d’un dieu ou d’une déesse à l’état d’embryon qui aspire à venir au monde. C’est ce que nous étions destinés à être, le soi dont nous nous privons parce que la plupart d’entre nous ne peuvent voir le champ de potentiel illimité qui leur est ouvert. C’est notre soi le meilleur, le soi dépourvu d’ego, ce fragment de l’Univers qui oeuvre à travers nous pour le bien de tous.

P156 Programme pour réaliser la synchrodestinée
1. Commencez chaque jour en vous rendant dans un endroit tranquille où vous ne serez pas dérangé. Rassemblez des symboles de vos archétype et disposez-les en face de vous.
2. Méditez durant vingt minutes en utilisant le mantra so-ham. Cela élargit votre conscience et vous met dans un état d’esprit réceptif.
3. Immédiatement après avoir terminé la méditation, lorsque vous ouvrez les yeux, regardez les symboles de vos archétypes et invitez ou invoquez les énergies archétypales afin qu’elles s’expriment à travers vous. “Je demande que vous deveniez une partie de moi et que vous oeuvriez à travers moi. Guidez-moi dans ma vie.”
4. Lisez la règle de vie de synchrodestinée correspondant à la journée. Il y a sept règles de vie de synchrodestinée et sept jours de la semaine.
Le soir répétez le processus.
Chaque jour, accomplissez les exercices associés au Soutra

Règles de vies

1. Première règle de vie : Faire corps avec le cosmos

Soutra : Aham Brahmasmi (Ah-HAM brah-MAHS-mi).
L’essence de mon être est la réalité ultime, la racine et la base de l’Univers, la source de tout ce qui existe.

La première règle de vie de la synchrodestinée reconnaît l’intelligence sous-jacente qui donne naissance à mon corps et à l’Univers dans son ensemble – à toute chose, depuis les étoiles et les galaxies jusqu’aux particules subatomiques. Ce champ d’intelligence consciente est la source du Cosmos. Il est le corps élargi que nous partageons tous ; il nous relie tous. L’essence de mon être est également l’essence de votre être, et celle de tous les êtres.
Vous, moi et l’Univers sommes identiques. Je suis l’Univers, localisé en un unique être humain. Vous aussi êtes l’univers, localisé dans votre corps, lisant ces lignes en cet instant particulier de l’espace-temps. Nous existons tous deux comme des ondulations particulières dans le champ d’intelligence consciente. Chaque aspect de nous-mêmes est articulé et orchestré par cette intelligence non localisée, illimitée, l’océan sans fin de la conscience d’où vous, moi et l’Univers surgissons. Même nos pensées, nos souhaits, nos désirs, nos rêves ne sont pas, techniquement, les nôtres. Ce sont des manifestations de l’Univers tout entier. Et à partir du moment où vous réalisez que les intentions et les désirs qui s’élèvent en vous sont les intentions mêmes de l’Univers, vous pouvez renoncer à votre désir de contrôle et laisser la vie miraculeuse pour laquelle vous êtes né se déployer dans toute son inimaginable magnificence.
Dès lors que vous avez compris cette prémisse, vous comprendrez le soutra de la première règle de vie de la synchrodestinée : l’essence de mon être est la réalité ultime, la racine et la base de l’Univers, la source de tout ce qui existe. Aussi simple qu’il paraisse, il peut falloir une vie pour en sonder les profondeurs et sa portée, dans notre vie, est immense. Quand nous comprenons pleinement ce simple soutra, tout devient possible parce que tout existe déjà en nous. Vous et moi sommes pareils, et chacun de nous est l’être infini projetant un point de vue particulier – votre point de vue et mon point de vue. Mon soi est inséparable de tout ce qui existe, tout comme votre soi est inséparable de tout ce qui existe.
Le pouvoir contenu dans cette pensée émerge lorsque nous réalisons que le soi fonctionne de manière synchronique. Parce que je suis une extension de l’intelligence consciente, et parce que l’intelligence consciente est la source de toute réalité, je suis la source de toute réalité. Je crée ma propre expérience.

L’intention provient de nos désirs les plus profonds, et ces désirs sont modelés par le karma, c’est pourquoi nous n’avons pas exactement les mêmes désirs. Nous avons aimé des personnes différentes, nous nous sommes agenouillés sur d’autres tombes, nous avons prié devant d’autres autels. Les particularités du désir sont uniques pour chacun de nous.
Et cependant, si vous suivez la chaîne du désir, nous sommes en définitive tous pareils. Nous voulons être heureux. Nous voulons être comblés. Nous voulons un sens et un but à notre vie. Nous voulons nous sentir connectés à Dieu ou à l’esprit. Nous voulons que les autres nous respectent et nous aiment. Et nous voulons nous sentir en sécurité. Ces désirs sont universels. Mais la route que chacun de nous emprunte pour les satisfaire est unique, basée sur nos expériences et nos souvenirs individuels, sur notre karma. Nous nous dirigeons tous vers la même destination mais nous prenons des chemins différents. Les ayant parcourus, nous arrivons ensemble.

Affirmation du soutra pour la première règle de vie

Imaginez que l’Univers entier se déploie à l’intérieur de vous.
(aham brahmasmi)

Imaginez que vous êtes connecté à tout ce qui existe.
(aham brahmasmi)

Imaginez que vous êtes semblable à une perle de cristal. Vous reflétez la lumière de tous les êtres sensibles. Vous reflétez aussi la lumière de tout l’univers.
(aham brahmasmi)

Imaginez que vous êtes un brin du fil cosmique, connecté à tous les autres brins.
(aham brahmasmi)

Imaginez que vous êtes éternel.
(aham brahmasmi)

2. Deuxième règle de vie : Découvrir, à travers le miroir des relations, son être non localisé
Accueillir son potentiel de lumière et d’ombre

Soutra : Tat Tvam Asi (Taht t’vahm AH-si)
Je vois l’autre en moi et moi-même en les autres

LA COMPREHENSION du fonctionnement des relations humaines est l’une des principales clés de la syncrodestinée. En Occident, nous avons tendance à nous fier à la psychologie populaire, à attendre qu’elle nous fournisse des stratégies pour bien gérer nos pensées et nos sentiments. Des ouvrages grand public proposent trop souvent de manipuler nos relations pour qu’elles deviennent plus satisfaisantes. Mais créer des relations humaines positives est bien davantage qu’une tactique. Cela implique d’offrir l’environnement humain dans lequel la syncrodestinée puisse avoir lieu. C’est absolument fondamental de même que la gravité, ou qu’avoir de l’air à respirer, est fondamental.

Le mantra associé à cette règle de vie signifie “Je suis cela”. Cette règle de vie s’ajoute à la première, dans laquelle nous avons appris que nous sommes tous des extensions du champ d’énergie universelle, que nous formons tous une seule entité dotée de différents points de vue. Je suis cela implique de regarder toutes les choses, toutes les autres personnes dans le monde, et de réaliser que l’on regarde une autre version de soi-même. Vous et moi sommes pareils. Tout est la même chose. Je suis cela, vous êtes cela, tout ceci est cela. Nous sommes tous des miroirs pour autrui, et nous devons apprendre à nous voir dans le reflet d’autres personnes. C’est ce que l’on appelle le miroir des relations. A travers le miroir des relations, je découvre mon soi non localisé. Pour cette raison, nourrir mes relations est l’activité la plus importante de ma vie. Quand je regarde autour de moi, tout ce que je vois est une expression de moi-même.

Aussi les relations sont-elles un instrument de croissance spirituelle, et le but ultime est de réaliser l’unité de la conscience. Nous faisons tous inévitablement partie de la même conscience universelle, mais les vraies avancées ont lieu lorsque nous commençons à reconnaître cette connexion dans notre vie quotidienne.

Les relations représentent l’un des moyens les plus efficaces d’accéder à la conscience de l’unité, pour la bonne raison que nous sommes continuellement en relation. Pensez au tissu de relations que vous avez à un moment donné – parents, enfants, amis, collègues, relations sentimentales. Toutes sont, au fond, des expériences spirituelles. Quand on est, par exemple, profondément amoureux, on éprouve un sentiment d’éternité. Dans un tel moment, l’incertitude ne nous préoccupe pas. On se sent merveilleusement bien mais vulnérable, proche mais exposé. On se transforme, on change, mais sans inquiétude; on s’émerveille. C’est une expérience spirituelle.

A travers le miroir des relations – de toutes les relations -, nous découvrons des états élargis de conscience. Ceux que nous aimons et ceux qui nous repoussent sont, pareillement, nos miroirs. Vers qui sommes-nous attirés? Vers des gens qui ont les mêmes trais de caractère que nous, mais plus dévellopés. Nous devons être en leur compagnie parce qu’à un niveau subconscient, nous sentons que nous pourrions ainsi manifester davantage ces tendances. De même, nous éprouvons de l’aversion pour les gens qui nous renvoient des traits de caractère que nous refusons de voir en nous-mêmes. Ainsi, si quelqu’un vous inspire une forte aversion, vous pouvez être certain que cette personne partage avec vous certains aspects de sa personnalité – aspects que vous n’êtes pas disposés à accepter. Si vous l’étiez, ces qualités ne vous contrarieraient pas.

Lorsque nous reconnaissons que nous pouvons nous voir dans les autres, chaque relation devient un instrument de l’évolution de notre conscience. Et tandis que notre conscience évolue, nous faisons l’expérience d’états élargis de conscience. C’est dans ces états élargis de conscience, lorsque nous atteignons le domaine non localisé, que nous pouvons vivre la syncrodestinée.

La prochaine fois que vous vous sentirez attiré par quelqu’un, demandez-vous ce qui vous attire. Est-ce la beauté, la grâce ou l’élégance, le pouvoir, l’intelligence? Quoi que ce soit, sachez que cette qualité s’épanouit également en vous. Prêtez attention à ces sensations, et vous deviendrez progressivement plus pleinement vous-même.

Bien sûr, la même chose est vraie pour les gens qui vous rebutent. En devenant plus conscient votre véritable soi, vous devez comprendre et accepter vos qualités les moins attirantes. La coexistence de valeurs opposées est la nature essentielle de l’Univers. Vous ne pouvez être courageux si vous n’abritez pas en vous un lâche. Vous ne pouvez être généreux sans avoir un côté avare. Vous ne pouvez être vertueux sans avoir la capacité de faire le mal.

Nous passons une grande partie de notre vie à refuser d’admettre cette face sombre que nous avons, et nous finissons par projeter sur d’autres ces noires qualités. N’avez-vous jamais rencontré des gens qui attirent naturellement les “mauvaises” personnes dans leur vie? Ils ne comprennent généralement pas pourquoi cela se produit, à maintes et maintes reprises, année après année. La vérité n’est pas qu’ils attirent cette obscurité, mais qu’ils ne sont pas disposés à la reconnaître chez eux. Rencontrer quelqu’un que l’on n’aime pas est une opportunité d’embrasser le paradoxe de la coexistence des contraires et de découvrir une nouvelle facette de soi-même. C’est un pas de plus dans le développement du soi spirituel. Les êtres les plus éveillés au monde accueillent de manière égale la totalité de leur potentiel de lumière et d’ombre. Lorsque nous nous trouvons en compagnie de gens qui admettent et reconnaissent leurs qualités négatives, nous ne sous sentons jamais jugés. Ce n’est que chez ceux qui voient le bien et le mal, le juste et le faux comme des qualités extérieures à eux que le jugement intervient.

Quand nous sommes prêts à accepter aussi bien nos côtés sombres que nos côtés lumineux, nous pouvons commencer à guérir nos relations et nous-mêmes. Commencez très simplement, avec les personnes les plus déplaisantes que vous puissiez évoquer. Pensez, par exemple, à Adolphe Hitler et demandez-vous: “En quoi pourrais-je ressembler à Adolphe Hitler?” La plupart des gens refusent d’envisager qu’ils contiennent ne serait-ce que la plus infime parcelle d’un Adolphe Hitler. Mais approfondissez cette réflexion. Ne vous est-il jamais arriver d’émettre des préjugés à l’encontre d’un groupe de personnes, simplement à cause de leur nom, de la couleur de leur peau, de leur accent ou d’une incapacité quelconque? Si vous pouvez trouver un exemple d’un tel comportement dans votre vie, vous devez alors accueillir la similitude entre Adolphe Hitler et vous-même. Nous sommes tous multidimensionnels. Tout ce qui existe quelque part dans le monde existe aussi en nous. Lorsque nous embrassons ces différents aspects de nous-mêmes, nous reconnaissons notre connexion à la conscience universelle et étendons notre conscience personnelle.

Une merveilleuse histoire soufi illustre comment ce miroir agit sur notre vie. Un homme qui venait d’arriver dans un village se rendit chez le maître soufi, le vieux sage de la région. “Je dois décider s’il convient que je m’installe ici ou non. Je me demande quel est le style du quartier. Pouvez-vous me parler des gens qui vivent ici?” demanda le visiteur. “Dites-moi, comment étaient les gens là où vous habitiez?”, s’enquit à son tour le maître soufi. Le visiteur répondit: “Oh, c’était des bandits de grand chemin, des escrocs et des menteurs.” “Vous savez les gens qui vivent ici sont exactement du même style”, dit le vieux maître. Le visiteur quitta les lieux et ne revint jamais? Une demi-heure plus tard, un autre homme arriva dans le village. Il alla voir le maître soufi et lui dit: “J’ai le projet de venir m’installer ici. Pouvez-vous me dire comment sont les habitants de ce village?” “Dites-moi, comment étaient les gens à l’endroit où vous habitiez?” “Oh, dit le visiteur, c’était les meilleures personnes au monde, les gens les plus aimables, les plus doux, les plus compatissants et les plus affectueux. Ils me manqueront terriblement.” “C’est exactement le même genre de personnes que vous trouverez ici”, dit le maître soufi.

Cette histoire nous rappelle que les traits de caractère que nous discernons le plus facilement chez les autres existent chez nous de manière très marqués. Quand nous pouvons voir dans le miroir de la relation, nous pouvons commencer à appréhender notre intégralité. Pour cela, nous devons nous sentir à l’aise avec notre ambiguïté, accueillir tous les aspects de nous-mêmes. Nous devons découvrir, au niveau plus profond, que nous ne sommes pas imparfaits parce que nous avons des traits de caractère négatifs. Personne n’a uniquement des côtés positifs. Reconnaître que nous avons des aspects négatifs signifie simplement que nous sommes complets. Et dans cette complétude, nous avons davantage accès à notre soi universel, non localisé.
Affirmation du soutra pour la seconde règle de vie

Imaginez que votre esprit n’est pas seulement en vous mais en tous les autres êtres et en tout ce qui est.
(tat tvam asi)

Imaginez que chaque personne est un reflet de vous-même.
(tat tvam asi)

Imaginez que lorsque vous regardez l’Univers, vous regardez dans votre miroir.
(tat tvam asi)

Imaginez que vous voyez ce que les autres voient.
(tat tvam asi)

Imaginez que vous pouvez ressentir ce que les autres ressentent.
(tat tvam asi)

Imaginez que vous avez les qualités que vous admirez le plus chez les autres.
(tat tvam asi)

Imaginez que les autres reflètent les qualités que vous aimez chez vous.
(tat tvam asi)

Imaginez que vous êtes une personne dans une salle couverte de miroirs, où vous pouvez vous voir sur des kilomètres et où tout ce que vous voyez est un reflet de vous-même, mais sous une apparence différente.
(tat tvam asi)

La nuit des temps – Barjavel

P 9
Ma ​bien-aimée, mon abandonnée, ma perdue, je t’ai laissée là-bas au fond du monde, j’ai regagné ma chambre d’homme de la ville aves ses meubles familiers sur lesquels j’ai si souvent posé mes mains qui les aimaient, avec ses libres qui m’ont nourri, avec son vieux lit de merisier où a dormi mon enfance et où, cette nuit, j’ai cherché en vain le sommeil. Et tout ce décor qui m’a vu grandir, pousser, devenir moi, me paraît aujourd’hui étranger, impossible. Ce monde qui n’est pas le tien est devenu un monde faux, dans lequel ma place n’a jamais existé. C’est mon pays pourtant, je l’ai connu… Il va falloir le reconnaître, réapprendre à y respirer, à y faire mon travail d’homme au milieu des hommes. En serai-je capable ? Je suis arrivé hier soir par le jet australien. A l’aérogare de Paris-Nord, une meute de journalistes m’attendaient, avec leurs micros, leurs caméras, leurs questions innombrables. Que pouvais-je répondre ? Ils te connaissaient tous, ils avaient tous vu sur leurs écrans la couleur de tes yeux, l’incroyable distance de ton regard, les formes bouleversantes de ton visage et de ton corps. Même ceux qui ne t’avaient vue qu’une fois ne pouvaient t’oublier. Je les sentais, derrière les réflexes de leur curiosité professionnelle, secrètement émus, déchirés, blessés… Mais peut-être était-ce ma propre peine que je projetais sur leurs visages, ma propre blessure qui saignait quand ils prononçaient ton nom… J’ai regagné ma chambre. Je ne l’ai pas reconnue. La nuit a passé. Je n’ai pas dormi. Derrière le mur de verre, le ciel qui était noir devient blême. Les trente tours de la Défense se teintent de rose. La tour Eiffel et la tour Montparnasse enfoncent leurs pieds dans la brume. Le Sacré-Coeur a l’air d’une maquette en plâtre posée sur du coton. Sous cette brume empoisonnée par leurs fatigues d’hier, des millions d’hommes s’éveillent, déjà exténués d’aujourd’hui. Du côté de Courbevoie, une haute cheminée jette une fumée noire qui essaie de retenir la nuit. Sur la Seine, une remorqueur pousse un cri de monstre triste. Je frissonne. Jamais, jamais plus je n’aurai chaud dans mon sang et dans ma chair…

P15
Si ce jour-là, au lieu de grimper dans l’hélicoptère, je m’étais embarqué avec mes cantines dans l’avionde Sydney, si du haut de son décollage vertical, avant qu’il ne s’élançât en rugissant vers les terres chaudes, j’avais dit adieu pour toujours à la base, à la glace, au monstrueux continent froid, que serait-il advenu ? Qui aurait été près de toi, ma bien-aimée, au moment terrible ? Qui aurait vu à ma place ? Qui aurait su ? Celui-là aurait-il crié , hurlé le nom ? Moi, je n’ai rien dit. Rien… Et tout s’est accompli… Depuis, je me répète qu’il était trop tard, que si j’avais crié, cela n’aurait rien changé, que j’aurais simplement été accablé sous le poids d’un désespoir inexpiable. Pendant ces quelques secondes, il n’y aurait pas eu assez d’horreur dans le monde pour emplir ton cœur. C’est cela que je me refus sans cesse, depuis ce jour, depuis cette heure : “Trop tard… Trop tard… Trop tard…” Mais peut-être est-ce un mensonge que je mâche et remâche, dont j’essaie de me nourrir pour vivre… P35 Je l’ai pris, l’avion de Sidney. Avec deux semaines de retard, et le désir de revenir très vite. Je n’étais plus du tout tracassé par je désir du café crème… Vraiment plus. Il y avait là, sous la glace, quelque chose de bien plus excitant que l’odeur des petits matins sur les Parisiens mal débarbouillés. (…) Dans notre isolement de glace, nous avions oublié les haines misérables et stupides du monde. Elles s’étaient encore enflées et raidies pendant ces trois années. Leur monstrueuse imbécilité évoquait pour moi des chiens énormes enchaînés les uns en face des autres, chacun tirant sur sa chaîne en râlant defureur et ne pensant qu’à la rompre pour aller égorger le chien d’en face. Sans raison. Simplement parce que c’est un autre chien. Ou peut-être parce qu’il en a peur. Je lus les journaux australiens. Il y avait de petits incendies bien entretenus un peu partout dans le monde. Ils avaient grandi depuis mon départ pour l’Antartique. Et ils s’étaient multipliés. Sur toutes les frontières, à mesure que se levaient les barrières douanières, des barrières policières les remplaçaient. Débarqué de l’aérodrome de Sydney, je ne fus autorisé ni à en sortir, ni à en repartir. Il manquait je ne sais quel visa militaire à mon passeport. Il me fallut trente-six heures de démarches furieuses pour pouvoir prendre enfin le jet à destination de Paris. Je tremblais qu’ils ne missent le nez dans mes microfilms. Qu’est-ce qu’ils auraient imaginé ? Mais personne ne me demanda d’ouvrir ma serviette. J’aurais pu aussi bien transporter des plans de bases atoniques. Ça ne les intéressait pas. Il fallait le visa, c’était la consigne. C’était stupide. C’était le monde organisé.

P83
Je suis entré, et je t’ai vue. Et j’ai été saisi aussitôt par l’envie furieuse, mortelle, de chasser, de détruire tous ceux qui, là, derrière moi, derrière la porte, dans la Sphère, sur la glace, devant leurs écrans du monde entier, attendaient desavoir et de voir. Et qui allaient TE voir, comme je te voyais. Et pourtant, je voulais aussi qu’ils te voient. Je voulais que le monde entier sût combien tu étais, merveilleusement, incroyablement, inimaginablement belle. Te montrer à l’univers, le temps d’un éclair, puis m’enfermer avec toi , seul, et te regarder pendant l’éternité.

P87
Ce n’était pas la jeunesse d’un homme et d’une femme, mais celle de l’espèce. Ces deux êtres étaient neufs, conservés intacts depuis l’enfance humaine. Simon, lentement, tendit la main en avant. Et parmi tous les hommes qui, à ce même moment, regardaient sur leurs écrans l’image de cette femme, qui voyaient ses douces épaules pleines, ses bras ronds enserrant en corbeille les fruits légersdes seins, et la courbe de ces hanches où coulait la beauté totale de la création, combien ne purent empêcher leur main de se tendre, pour s’y poser ? Et parmi les femmes qui regardaient cet homme, combien furent brûlées par l’envie atrocement irréalisable de se coucher sur lui, de s’y planter, et d’y mourir ? Il y eut dans le monde entier un instant de stupeur et de silence. Même les vieillards et les enfants se turent. Puis les images du point 612 s’éteignirent et la vie ordinaire recommença, un peu plus énervée, un peu plus aigre. L’humanité, par le moyen d’un peu plus de bruit, s’efforçait d’oublier ce qu’elle venait de comprendre en regardant les deux gisants du pôle : à quel point elle était ancienne, et lasse, même dans ses plus beaux adolescents.

p203
J’ai essayé de t’appeler dans notre monde. Bien que tu aies accepté de collaborer avec nous, et peut-être même à cause de cela, je te voyais un peu plus chaque jour reculer vers le passé, vers un abîme. Il n’y avait pas de passerelle pour franchir le gouffre. Il n’y avait plus rien derrière toi que la mort.
J’ai fait venir du Cap, pour toi, des cerises et des pêches.
J’ai fait venir un agneau dont notre chef a tiré pour toi des côtelettes accompagnées de quelques feuilles de romaine tendres comme une source. Tu as regardé les côtelettes avec horreur.
Tu as dit :
– C’est un morceau coupé dans une bête ?
Je n’avais pas pensé à ça. Jusqu’à ce jour, pour moi, une côtelette n’était qu’une côtelette. J’ai répondu avec un peu de gêne :
– Oui.
Tu as regardé la viande, la salade, les fruits. Tu m’as dit :
– Vous mangez de la bête !… Vous mangez de l’herbe !… Vous mangez de l’arbre !…
J’ai essayé de sourire. J’ai répondu :
– Nous sommes des barbares…
J’ai fait venir des roses.
Tu as cru que cela aussi nous le mangions…

p213
Sur son cheval blanc aux longs poils, mince comme un lévrier, Eléa galopait vers la Forêt Epargnée. Elle fuyait devant Païkan, elle fuyait en riant pour avoir le bonheur de se laisser rattrapper.
Païkan avait choisi un cheval bleu parce que ses yeux avaient la couleur de ceux d’Eléa. Il galopait juste derrière elle, il la rattrapait peu à peu, il faisait durer la joie. Son cheval tendit ses naseaux bleus vers la longue queue blanche qui flottait dans le vent de la course. L’extrémité des longs poils soyeux pénétra dans les narines délicates. Le cheval bleu secoua sa longue tête, gagna encore un peu de terrain, mordit à pleine bouche la flamme de poils blancs, et tira de côté.
Le cheval blanc sauta, hennit, bondit, rua. Eléa le tenait aux poils des épaules et le serrait de ses cuisses robustes. Elle riait, elle sautait, dansait avec lui…
Païkan caressa le cheval bleu et lui fit lâcher prise. Ils entrèrent au pas dans la forêt, le blanc et le bleu, côte à côte, calmés, malins, se regardant d’un oeil. Leurs cavaliers se tenaient par la main. Les arbres immenses rescapés de la troisième guerre, dressaient en énorme colonne leurs troncs cuirassés d’écailles brunes. Au départ du sol, ils semblaient hésiter, essayaient une légère courbe paresseuse, mais ce n’était qu’un élan pour se lancer vertigineusement dans un assaut vertical et absurde vers la lumière que leurs propres feuilles repoussaient. Très haut, leurs palmes entrelacées tissaient un plafond que le vent brassait sans arrêt, y perçant des trous de soleil aussitôt rebouchés, avec un bruit lointain de foule en marche. les fougères rampantes couvraient le sol d’un tapis rêche. Les biches ocellées le grattaient du sabot pour en découvrir les feuilles les plus tendres qu’elles soulevaient du bout des lèvres et arrachaient d’une brusque torsion du cou. l’air chaud sentait la résine et le champignon.
(…)
Pa¨kan leva les bras et se laissa glisser derrière elle. Elle s’appuya à lui, assise, flottante, légère. Il la serra contre son ventre, prit son élan vers le haut et son désir dressé la pénétra. Ils reparurent à la surface comme un seul corps. Il était derrière elle et il était en elle, elle était blottie et appuyée contre lui, il la pressait d’un bras contre sa poitrine, il la coucha avec lui sur le côté et du bras gauche se mit à tirer l’eau. Chaque traction le poussait en elle, les poussait tous les deux vers la grève de sable. Eléa était passive comme une épave chaude. Ils arrivèrent au bord et se posèrent, à demi hors de l’eau. Elle sentit son épaule et sa hanche s’enfoncer dans le sable. Elle sentait Païkan au-dedans et au-dehors de son corps. Il la tenait cernée, enfermée, assiégée, il était entré comme le conquérant souhaité devant lequel s’ouvrent la porte extérieure et les portes profondes. Et il parcourait lentement, doucement, longuement, tous ses secrets.
Sous sa joue et son oreille, elle sentait l’eau tiède et le sable descendre et monter, descendre et monter. L’eau venait caresser le coin de sa bouche entrouverte. les poissons-aiguilles frissonnaient le long de sa cuisse immergée.
Dans le ciel où la nuit commençait, quelques étoiles s’allumaient. Païkan ne bougeait presque plus. Il était en elle un arbre lisse, dur, palpitant et doux, un arbre de chair, bien-aimé, toujours là, revenu plus fort, plus doux, plus chaud, soudain brûlant, immense, embrasé, rouge, brûlant dans son ventre entier, toute la chair et les os enflammés jusqu’au ciel. Elle étreignit de ses mains les mains fermées autour de ses seins et gémit longuement dans la nuit qui venait.
Une immense paix remplaça la lumière. Elle se retrouva autour de Païkan. Il était toujours en elle, dur et doux. Elle se reposa sur lui comme un oiseau qui s’endort. Très lentement, très doucement, il commença à lui préparer une nouvelle joie.

L’homme qui voulait être heureux – Laurent Gounelle

P132
Ses paroles avaient un écho particulier en moi, car elles me rappelaient les Noëls de mon enfance. J’étais tout excité en préparant ma lettre au père Noël, avec la liste des jouets que j’espérais. Pendant des semaines, j’y pensais, attendant impatiemment le jour où je les posséderais enfin. Mon excitation attendant son paroxysme le soir du réveillon : mes yeux ne quittaient plus le sapin au pied duquel j’imaginais déjà mon bonheur du lendemain. J’allais me coucher en percevant la nuit à venir comme interminable, et c’est reconnaissant que je découvrais l’heure sur mon réveil au petit matin. Le grand jour était enfin arrivé ! Lorsque je poussais la porte du salon et découvrais les paquets-cadeaux multicolores sous le sapin illuminé, j’étais empli d’une joie intense. Je déballais tout, haletant d’excitation, puis passais le plus clair de la journée à jouer avec ce que j’avais reçu, m’arrangeant toujours pour m’échapper de l’interminable repas familial, et laisser les adultes à leurs conversations ennuyeuses. Mais je me souviens que, le soir approchant, le soleil déclinant à l’horizon, ma joie se tarissait progressivement. Mes nouveaux jouets ne généraient pas déjà plus en moi le même élan de gaieté. J’en arrivais à envier mon excitation de la veille. J’aurais voulu la revivre. Je me rappelle m’être dit, une année, que mes rêves de jouets me rendaient finalement plus heureux que les jouets eux-mêmes. L’attente était plus jouissive que son dénouement.
Le plus grand mensonge des parents à leurs enfants ne porte pas sur l’existence du père Noël, mais sur la promesse tacite que ses cadeaux les rendront heureux.

P95
On ne fait pas grand chose dans la vie si on ne sait pas aller vers les autres et demander un soutien, un appui, de l’aide, des contacts.

P97
Si vous ne renoncez à rien, vous vous abstenez de choisir. Et quand on s’abstient de choisir, on s’abstient de vivre la vie que l’on voudrait. (…)
Je voudrais juste que vous preniez conscience qu’on ne peut pas réaliser le rêve de sa vie si l’on n’est pas prêt à faire des efforts et, si nécessaire, quelques sacrifices.

P98
Suivre sa voie afin de pouvoir se réaliser pleinement, c’est parfois comme de gravir une montagne : tant qu’on ne l’a pas fait,  on ignore sur les efforts que cela exige accentuent la satisfaction que l’on ressent à l’arrivée. Plus les efforts sont grands, plus intense sera le bonheur, et plus longtemps il restera gravé en nous. (…)

Il faudra que je trouve le moyen. Dit-il comme s’il se parlait à lui-même, de vous amener à considérer le choix, l’effort et le sacrifice.

P117
Si on aime les gens seulement quand ils se comportent conformément à nos idéaux, ce n’est pas de l’amour.

P126
Pour pouvoir aimer une telle personne, distinguez-la de ses actes.  Dites-vous que, malgré son attitude détestable, il y a quelque part, au fond d’elle, peut-être très enfoui et sans qu’elle le sache elle-même, quelque chose de bien. Si vous parvenez à percevoir ce quelque chose et que vous l’aimez, vous amènerez cette personne à entrer en contact avec cette petite part d’elle même.

Vous savez, l’amour est la meilleure façon d’obtenir un changement chez l’autre. (…)

Il faut comprendre que chacun de nous a des qualités et des défauts; ce sur quoi l’on focalise son attention  a tendance à prendre de l’ampleur, à s’étendre.

P132
Le plus grand mensonge des parents à leurs enfants ne porte pas sur l’existence du père Noël, mais sur la promesse tacite que ses cadeaux les rendront heureux.

P138
Vous savez, l’être humain se complaît dans le laisser-aller, mais s’épanouit dans l’exigence de soi. C’est vraiment en étant concentré sur ce que l ‘on fait pour réussir la mise en œuvre de nos compétences, et en relevant chaque fois de nouveaux défis, que l’on se sent heureux. C’est vrai pour tout le monde, quels que soient notre métier ou le niveau de nos compétences. Et notre bonheur est accru si notre travail apporte quelque chose aux autres, même indirectement, même de façon modeste. (…)
Le défi stimule notre concentration, et c’est lui qui nous pousse à donner le meilleur de nous-mêmes dans ce que nous faisons, et à en tirer ensuite une réelle satisfaction. C’est une condition pour nous épanouir dans nos actions.

P160
En prenant la décision de venir aujourd’hui, vous avez accompli un apprentissage majeur pour vous, en développant une capacité qui vous faisait cruellement défaut à ce jour : la capacité de faire un choix qui vous coûte, et donc de renoncer à quelque chose, autrement dit de faire des sacrifices pour avancer sur votre voie. C’est désormais acquis, le dernier obstacle à votre épanouissement ayant ainsi volé en éclats. Vous disposez maintenant d’une force qui vous accompagnera toute votre vie. Le chemin qui mène au bonheur demande parfois de renoncer à la facilité pour suivre les exigences de sa volonté au plus profond de Soi.
Bonne route,
Samtyang

P164
Pour moi, une nouvelle vie commençait, et, dorénavant, ce serait MA vie, fruit de mes décisions, de mes choix, de ma volonté. Adieu les doutes, les hésitations, les peurs d’être jugé, de ne pas être capable, de ne pas être aimé. Je vivrai chaque instant en conscience, en accord avec moi-même et avec mes valeurs. Je resterai altruiste, mais en gardant à l’esprit que le premier cadeau à faire aux autres est mon équilibre. J’accepterai les difficultés comme des épreuves à passer, des cadeaux que m’offre la vie pour apprendre ce que je dois apprendre afin d’évoluer. Je ne serai plus victime des événements, mais acteur d’un jeu dont les règles se découvrent au fur et à mesure, et dont la finalité gardera toujours une part de mystère.