Les tribulations du moi qui croyait être lui

Je descends de ma mezzanine, mes pieds nus sur le bois nu de l’escalier, puis sur celui du parquet, 7:00, j’ouvre les volets, en bois eux aussi. L’extérieur me saisit, la fraîcheur de l’air, les lattes de la terrasse encore imprégnées de nuit sous mes pieds, le chant des oiseaux, celui corbeau en solo, le clair de jour témoin du réjouissant allongement des journées. Les cloches du village entament leur première volée, portée par la vaste symbolique du 7 spirituel.
Je regarde le monde, je respire le monde, j’entends le monde, je ressens le monde… l’espace d’un instant, je deviens le monde.
Tout frémit de gratitude à l’intérieur de moi.
Et plus profond encore, tout à l’intérieur, vibrant, quelque chose qui sait intuitivement que le monde est autre, dans cette interconnexion de toute chose.
Je laisse mon corps et mon esprit se dilater dans cette immensité dont les limites se dissolvent tranquillement.
En cet instant, je peux sentir la fragilité de notre représentation, ce consensus, transmis de génération en génération, dans lequel nous évoluons, dans une division et une exclusion maladives, alors que tout est relié et intriqué, des racines les plus lointaines des arbres, à chacun des êtres vivants, pris individuellement.
Nous nous définissons des oripeaux de nos expériences accumulées, comme un vêtement de fortune, fait de bric et de broc, rapiécé cent fois, déchirure après déchirure… perdus dans le dédale de nos prises de conscience successives, croyant enfin être sur le bon chemin… jusqu’à un jour, peut-être, lassés d’errer, laisser notre vieux manteau, sortir du labyrinthe par le haut et oser être.

To Be Continued


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