Guide du burn-out, comment l’éviter, comment en sortir – Anne Everard

Soyez bienveillant avec vous-même : vous étiez quelqu’un de formidable, c’est toujours le cas.

« Il faut du chaos en soi pour enfanter d’une nouvelle étoile dansante. » Nietzsche, Ainsi parlait Zarathoustra

Préface
Je ne peux plus mener la vie agitée et stressée que je m’imposais auparavant. J’éprouve un grand besoin de calme, de lenteur et de simplicité. Certains de mes amis disent que je suis devenue fragile. Je leur réponds que je suis redevenue sensible et que ma sensibilité est une force, un garde-fou qui m’empêche de dépasser mes limites.
Le burn-out est une crise de vie. Et comme toutes les crises, il est l’occasion d’un choix (crisis en grec). Le choix de lâcher prise, d’arrêter la course folle dans laquelle on est engagé et d’enfin se poser, se déposer et se reposer. Le choix de comprendre que cet épuisement est un rappel de la vie en nous. Le choix de croire que l’on peut exister sans devoir renoncer à la paix, à la détente et à l’amour qui sont essentiels pour rester pleinement vivant. Le choix de s’accepter tel que l’on est, de s’aimer comme on est. Le choix de prendre soin de sa nature profonde et sensible. Le choix de vivre autrement, plus doucement et plus simplement. Le choix d’être patient, car il faut du temps pour que les réserves d’énergie se reconstituent, pour que de nouveaux désirs surgissent et pour que de nouvelles orientations se dessinent à l’horizon. Oui, il faut du temps. (…)

p20-21 « Quand le burn-out est là »
Le brunie est épuisé, physiquement, mentalement et émotionnellement. L’intensité du burn-out se mesure grâce à des questionnaires. Le premier a été construit en 1986 par Christina Maslach, professeur de psychologie à l’université de Berkeley (Californie), et est encore très utilisé, bien que d’autres aient été développés ces dernières années. Le burn-out est une maladie psychique qui, une fois déclarée, a de fortes répercussions physiques. Plusieurs organes vitaux peuvent être touchés. C’est tout le corps qui lâche. Comme le dit Olivia, l’un de nos témoins : « Le burn-out, c’est comme un tsunami. Quand la mère se retire, il reste tous les déchets à traiter. Il y a des trésors, mais il faut les trouver. »
(…)
L’une des caractéristiques commune à tous les burnies est qu’au bout du compte ils ne peuvent plus fonctionner comme auparavant et ressentent une très grande fatigue. Leurs batteries sont à plat, ils en ont trop fait. Ils se sont brûlés les ailes au soleil et c’est la chute.
Certains savent immédiatement qu’ils sont en burn-out. D’autres tentent de soigner leurs symptômes physiques sans admettre qu’en réalité ils n’en peuvent plus. D’autres encore ont du mal à reconnaître qu’il ne s’agit pas uniquement d’une grosse fatigue. Le burn-out fait penser à un barrage qui, soumis à une forte pression, cède de manière soudaine. Une brèche s’ouvre alors. Plus celle-ci est importante, plus le burn-out est sévère, et plus on est KO.

p27 « Ce que vous devez faire sans tarder »
Effectuer un check-up médical. Si vous êtes suivi par un bon médecin généraliste qui vous connaît bien, c’est parfait. Sinon, essayez de trouver rapidement un médecin qui possède déjà une expérience du burn-out. La maladie étant assez récente, tous les médecins ne sont pas nécessairement bien informés des différentes formes qu’elle peut revêtir. Vous avez besoin d’une bonne prise en charge médicale et que l’on fasse preuve de bienveillance et d’empathie à votre égard.
Tout arrêter pour vous reposer. Il paraît évident, lorsqu’on est complètement à bout, de tout arrêter et de se reposer. Dans la pratique, ce n’est pas aussi simple. Nous le verrons, les brunies sont souvent (hyper)actifs, enthousiastes, battants, idéalistes, et certainement perfectionnistes. S’arrêter est tout simplement contre leur nature. S’ils s’étaient écoutés, ils auraient levé le pied plus tôt et modifié certaines choses dans leur vie pour ne pas en arriver là. Je tiens à le dire haut-et-fort : il faut s’arrêter COM-PLE-TE-MENT ! tout arrêter. Se reposer.
Que se passe-t-il au début d’un burn-out ? La tête a dit trop longtemps : « il faut… il faut… il faut…. » Elle n’a pas écouté le corps qui disait : « s’il te plaît, pas si vite, pas autant, pas ça. » En fonction de l’intensité du burn-out, le corps et la tête sont plus ou moins complètement K.O., avec une grande fatigue physique, une hypersensibilité (on pleure pour un rien, on est en colère, on crie ou, à l’inverse, on ne ressent plus d’émotions) et une perte des capacités intellectuelles (difficulté de concentration, perte de mémoire). Mais notre instinct de survie, ou notre déni de la situation, font que nous voulons malgré tout y arriver. Nous ne nous avouons pas vaincus. Avec le peu d’énergie qu’il nous reste, nous aurions tendance à vouloir nous relever, repartir, continuer, recommencer, encore et encore : « Yes I can ! ». Eh bien non, au début du burn-out et pour un certain temps, chaque tentative de recommencer à vous agiter vous éloignera de la guérison.

p29 « Les causes du burn-out »
Pour le docteur Michel Delbrouck, « le burn-out se rencontre surtout chez la personne qui poursuit des idéaux élevés dans sa vie personnelle, familiale ou professionnelle. » (…)
p31
« Sur le lieu de travail, les facteurs aggravant le risque de burn-out sont généralement les suivants :
– une intensification du travail : plus d’information à traiter, un rythme de travail qui s’accélère, des économies de personnel ;
– la difficulté de travailler au calme : de plus en plus d’open spaces ou de smartworking (pas de bureau individuel attitré, on s’installe là où il y a de la place). On est dérangé en permanence dans son travail par les mails, le téléphone fixe et le téléphone portable, le bruit ou les questions des collègues.
– tout est devenu prioritaire, l’urgence est permanente ;
– les problème de management : excès ou insuffisance de directives ou de contrôles, manque de cohérence dans les décisions à appliquer, de stratégie à long terme (ce qui est prioritaire aujourd’hui est sans intérêt le lendemain), de reconnaissance, de respect, conflits de valeurs (entre celle du travailleur et celles de la hiérarchie ou des actionnaires), sentiment d’injustice, voire, dans les cas extrêmes, harcèlement ;
– les tâches répétitives : elles mènent au bore-out (un ennui tel qu’il épuise), dont les premières victimes sont les travailleurs peu qualifiés. (…)
– Hyperconnectivité (…)
p38
Les pertes de reconnaissance et de sens se produisent plus souvent que par le passé. Par ailleurs, il y a plus de pression à la rentabilité dans les entreprises, quitte à ce que la qualité des produits ou des services en souffre. C’est une logique d’actionnaires qui ne convient pas forcément aux travailleurs, car elle n’a pas de sens pour eux. Enfin, les cadres, soumis eux-même à une forte pression, ne sont pas nécessairement bien formés à motiver leurs équipes et à leur accorder une reconnaissance pourtant indispensable.
p42
Nous passons notre temps à faire des listes. Nos vies vont si vite et sont tellement remplies qu’il ne faut pas qu’un grain de sable vienne gripper la machine. L’arrivée d’un enfant, la maladie d’un parent, et nous craquons. Nous avons peut-être un peu oublié de lever le pied, de nous ressourcer. Nous avons simplement oublié d’être calme, de sentir ce qui est bon pour nous. Pour récupérer, pour nous reposer. Et corriger le tir tranquillement quand c’est nécessaire, et non dans l’urgence, alors qu’il est presque trop tard ou déjà trop tard.
p45
Le burn-out est un bug d’un ou de plusieurs systèmes : professionnel, familial, privé, individuel.

Le coaching va aider à comprendre, détourer, faire le tri… amener à la conscience.

Les causes sociétales
«La société moderne pousse-t-elle ses membres les plus enthousiastes à craquer ?  » C’est la question que s’est posée le philosophe Pascal Chabot dans son ouvrage Global Burn-out, qui est devenu une référence internationale.

« Malaise dû à l’excès, au stress, à la perte de sens, au diktat de la rentabilité, à la difficulté de porter des valeurs humanistes dans un système technocratique, il est le révélateur des aspects sombres de l’organisation contemporaine du travail. »(…)

« Cela a été un moment charnière car au lieu de me morfondre seule chez moi, à ruminer ma faiblesse et ma honte d’avoir craqué, j’ai compris que même si j’avais ma part de responsabilité, mon burn-out s’inscrivait dans une nouvelle dynamique de société qui m’avait emportée. »
Christina Maslach, professeur de psychologie à l’université de Berkeley (Californie), ne dit rien d’autre dans son livre  » Burn-out. Le syndrome d’épuisement professionnel », qui s’ouvre sur le texte suivant : « Aujourd’hui, le burn-out est en train de devenir une véritable épidémie dans de nombreux pays du globe. Nous ne sommes pas en cause, c’est le monde et la nature du travail qui ont fondamentalement changé. L’univers professionnel – que ce soit l’entreprise, l’hôpital, l’école ou d’autres services publics – est devenu froid, hostile et exigeant, tant sur le plan économique que psychologique. Les individus sont émotionnellement, physiquement et spirituellement épuisés. Les exigences liées au travail, à la famille et à tout le reste ont fini par éroder leur énergie et leur enthousiasme. »
p47
Pascal Chabot considère que l’être humain est toujours capable de s’adapter, mais il pose les questions suivantes : jusqu’où et pourquoi ? On sait que le manque de reconnaissance peut mener au burn-out, l’individu doute, « il se demande si son existence, si courte en somme, a pour vocation d’être tout entière au service d’une multinationale qui l’ignore, d’actionnaires qui le dédaignent. Il n’a plus foi en lui-même, mais il n’a surtout plus foi dans un système qui, pense-t-il, l’a méprisé. La foi en lui-même reviendra, on peut l’espérer. Mais la croyance dans le système est définitivement ébranlée. Le burn-out est toujours une remise en cause des valeurs dominantes : il génère de nouveaux athées du techno-capitalisme. » L’auteur conclut ainsi son analyse : « Le burn-out, cette incandescence du système qui se retourne contre l’individu, est le trouble contemporain. ce qui affecte certaines personnes consume aussi des parties de la Terre, épuisée elle aussi. Le burn-out est un déséquilibre et c’est pourquoi, sur le plan personnel comme au niveau plus global de nos sociétés, seule une réflexion sur l’équilibre pourra indiquer les issues viables. »
p48
Cette tendance naturelle à s’adapter, combinée au besoin de reconnaissance et à l’envie de tendre vers la perfection, peuvent mener l’individu à un grand épuisement lorsque la société lui en demande toujours davantage (voir HPI). Si une perte de sens vient se greffer – à quoi bon tous ces efforts ? – alors le burn-out peut éclater. Pour Herbert Freudenberger, « le feu intérieur, naguère source sacrée permettant le dépassement de soi, peut se transformer en feu dévastateur ».

p59 « Quand le corps lâche »
Le burn-out a toujours été précédé de signes annonciateurs. Parmi ceux-ci, citons certaines douleurs typiques : mal au dos; à la nuque, aux épaules, aux bras, à la tête, problèmes dentaires. C’est comme si, poussé à bout, le corps se mettait à dysfonctionner. Au point même de se rendre malade.
Il y a également les souffrances émotionnelles : manque d’enthousiasme, mal-être, irritabilité, cynisme, angoisse, insomnies, difficulté à gérer un fait anodin, se faire une montagne de tout.
Burn-out déclaré
Outre la fatigue physique, attendez-vous aussi à une grande fatigue émotionnelle (abattement, crise de larmes ou, inversement, absence totale d’émotion, comme si vous étiez devenu un robot…). Ne soyez pas étonné non plus de votre fatigue mentale : on perd généralement généralement la plus grande partie de ses moyens intellectuels et de sa mémoire. Sans parler de tous les nouveaux maux physiques qui peuvent apparaître à la suite de la décompensation du corps. Pas de panique, c’est très frustrant, on se sent encore plus amoindri, mais c’est temporaire. Au fur et à mesure de votre rétablissement, vous récupèrerez physiquement, mentalement et émotionnellement. (…)
Vous et votre entourage devez comprendre que l’intensité de l’épuisement physique n’a rien à voir avec une grosse fatigue. Vous êtes complètement consumé de l’intérieur. Vous êtes incapable de faire quoi que ce soit, même si c’est ce que votre tête souhaiterait. (…)
L’épuisement est de longue durée. Le burnie peut se reposer, dormir et dormir encore, la fatigue semble ne jamais diminuer. (…)
Ce qui est important, c’est de vérifier que le niveau en énergie remonte petit à petit et de manière régulière. Ce sera le baromètre de rétablissement. Pour y arriver le burnie doit absolument lâcher prise par rapport au temps qui passe. S’il s’accroche à l’idée de se rétablir rapidement, il risque de ne pas trouver les ressources nécessaires, tant la pression qu’il s’inflige est forte. Ce n’est plus à la tête de décider du rythme, il faut laisser faire le corps au rythme qui est le sien aujourd’hui.

p77
Priorité n°1 : rétablir votre énergie
S’il y a une leçon à retenir pour se rétablir d’un burn-out, c’est celle-ci : il est indispensable de remplir presque complètement son fût d’énergie – en puisant le moins possible dedans – avant de pouvoir redémarrer. Tant qu’on ne l’a pas compris, on va de rechute en rechute, de frustration en frustration. C’est peut-être la plus importante des priorités : elle prend du temps et demande de la sagesse, mais si vous la respectez, vous remonterez la pente, lentement mais sûrement – et sans rechute. Ensuite, restez vigilant et gardez toujours votre fût d’énergie bien rempli. Se mettre en mode survie. Ce mode survie signifie que l’on va faire uniquement le strict minimum et, pour le reste, se reposer et ne rien faire. Rien.
Les vertus de la sieste. La sieste est merveilleuse pour récupérer un peu d’énergie qui vous servira soit à finir la journée sans craquer, soit à remplir votre fût. C’est également un moment de calme, idéal pour vous reconnecter à vous-même. N’ayez surtout pas mauvaise conscience, n’oubliez pas que vous êtes en convalescence et que tout ce qui peut aider à votre guérison est important. Sachez que parmi les adeptes de la sieste, on trouve Chruchill, Obama, Einsein, Dali.
Souvenez-vous : le burn-out est la maladie du « trop » et du « pas juste ». Prendre conscience qu’il faut changer des choses dans son mental et dans sa vie est déjà un pas vers la guérison —> Lâcher certaines de nos valeurs, habitudes et convictions : pas facile mais indispensable (travail en coaching).
La théorie des petites cuillères : outil qui permet de gérer son fût d’énergie.

p91
Priorité n°2 : vous faire aider
Vous avez toujours mené votre vie tambour battant, sans demander beaucoup d’aide. Aujourd’hui vous êtes K.0., mais attention à ne pas rester trop isolé, à ne pas ruminer seul vos émotions difficiles et toutes les questions qui ne manquent pas de survenir. Des gens peuvent vous aider, des spécialistes et d’autres burnies.
(…)Ce qui est important dans le choix d’un thérapeute, c’est que vous vous sentiez bien avec lui. Dans la vie de tous les jours, vous n’avez pas des affinités avec tout le monde : c’est la même chose avec les thérapeutes. Si vous n’avez pas un bon feeling lors du premier rendez-vous, n’hésitez pas à consulter un autre thérapeute. Vous allez passer de nombreuses séances à parler de choses très personnelles, il est important que vous soyez en confiance.

p103 
Il faut aussi lâcher prise mentalement et émotionnellement : cela veut dire reconnaître que l’on a fait des choix pour soi-même qui n’étaient pas forcément les bons ou qui ne le sont plus aujourd’hui, être prêt à se créer un univers différent. 
Ce lent processus de transformation et de guérison vous fera passer par toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Il se fait malheureusement souvent avec une part de douleur et de tristesse. Il y a aussi une perte de sens importante : ce qui semblait compter pour vous s’avère ne plus être juste, être partiellement erroné et finalement toxique. Ce n’est pas facile à digérer.
Un peu comme un deuil, avec ses étapes

p111 Les émotions du burn-out
L’acceptation de ces émotions fait partie du processus de guérison.
La honte
Le burnie ressent une grande honte d’avoir craqué. Lui qui pensait être fort et dynamique révèle au monde entier sa vulnérabilité. Mais la honte n’est pas nécessaire et ne fait souffrir que le burnie lui-même. (…)
Je vous invite vraiment à parler de votre maladie autour de vous. Cela diminuera le poids de votre honte et facilitera le processus de guérison.
La culpabilité
Arriver à s’autoriser à faire des choses pour soi-même, se faire plaisir et ne pas être nécessairement dans l’utile est l’un des points clés du burn-out.
La colère
Il faut digérer cette colère, faire le deuil des événement passés.
La frustration et le découragement
La tête aimerait tellement repartir, mais le corps s’obstine et refuse d’écouter. La frustration est grande, suivie aussi de découragement, voire de tristesse face à cette incapacité à se remettre en route.

p155 « Disposer de temps est la plus précieuse de toutes les richesses du monde. » Socrate
Presque 100% des burnies pensent que leur convalescence sera plus rapide que celle des autres. c’est assez logique, les brunies ayant généralement été des gens entreprenants, énergiques et pleins de projets.

p159
Priorité n°3 : introduire les changements
Le burn-out étant la maladie du « trop » et du « pas juste », sa guérison passe par en faire « moins » et « autrement ».Qui dit burn-out dit donc changement. Le premier, radical, aura été de s’arrêter et de se reposer. Petit à petit, votre tête se mettra en veilleuse et arrêtera de repasser tout ce qu’elle doit faire. Le calme peut revenir.
(…)
Quand vous serez moins fatigué, vous pourrez commencer à dresser le tableau de ce qui a contribué à votre épuisement. Mettez sur le papier ce qui vous a stressé et coûté de l’énergie. Revoyez la chronologie des événements des derniers mois ou des dernières années en vous posant les questions suivantes : quand avez-vous commencé à en faire trop ? A quel moment un stress de plus est-il venu se rajouter qui a fait déborder le vase ? Quelque chose a-t-il changé dans votre vie professionnelle ou privée ?

Vous allez devoir vous réconcilier sérieusement avec votre corps et vous reconnecter à vous-même. Vous vous êtes laissé envahir par les autres ? Vous avez fait plus pour eux que pour vous ? Il s’agit maintenant de vous replacer au centre de votre vie et de lâcher certaines croyances. N’oubliez pas qu’aucun médicament ne peut vous guérir d’un burn-out : vous êtes votre meilleur remède pour remonter la pente. Apprenez à vous écouter, à vous respecter. Allez c’est parti pour un beau voyage !

p160
Votre corps est votre meilleur ami.
Vous avez l’impression que votre corps vous a lâché, mais c’est tout le contraire. Il est véritablement votre meilleur ami. En faisant sauter ses plombs, il vous a probablement sauvé la vie. (…)Vous étiez déconnecté de votre corps, vous n’avez pas su écouter les signes annonciateurs , c’est le moment de vous reconnecter doucement à lui.
Cela doit être doux et agréable. On ne doit pas être dans la performance, mais uniquement dans la bienveillance.
Respirez
Ca calme quand on est stressé, mais cela va aussi vous ancrer là où vous êtes maintenant, pas dans vos pensées, mais ici et maintenant, connecté à votre corps.
Marchez
Les jours où vous le pourrez, sortez marcher, même quelques minutes seulement, si vous ne pouvez pas davantage. « Si tu n’arrives pas à penser, marche. Si tu penses trop, marche. Si tu penses mal, marche encore », disait Jean Giono.
Prenez des bains
Massez-vous
Reposez-vous et faites-vous plaisir
Si vous avez pris un bain ou une douche, reposez-vous. Si vous avez mis un machine en route, reposez-vous. Si vous êtes allé dehors, reposez-vous. Si vous avez un partenaire ou des enfants qui rentrent le soir, reposez-vous avant leur arrivée.
Faites un body scan
Méditation (parfois difficile)
Yoga
Qi Gong
Taiji
Art-thérapie
Pour la majorité des burnies, faire du sport est impossible. Tant que l’on est fatigué, cela coûte plus d’énergie que cela n’en apporte. Il s’agit avant tout de remplis sont fût d’énergie.
Au fur et à mesure que vous réintroduirez des activités dans votre vie, soyez vraiment à l’écoute de votre corps, il est votre plus sûr allié.

p174
Alimentation et hygiène de vie
Mens sana in corpore sano, « un esprit sain dans un corps sain. »
Vous pouvez contribuer au retour de votre énergie en adoptant une alimentation et une hygiène de vie basées sur quelques principes simples.
Se remettre au centre de sa vie
Apprendre à dire non
Il n’est pas facile de résister aux tentations de l’ego, toujours prêt à répondre aux attentes des uns et des autres sans aucun discernement, dans le seul but d’être aimé. Etre capable de dire non, quelle libération ! » Thierry Janssen
(…) C’est le plus beau cadeau du burn-out : il vous force à vous asseoir, à faire le point, à garder ce qui est bon et à jeter ce qui ne l’est plus. Comme l’écrivait André Gide dans Les Nourritures terrestres « choisir, c’est renoncer ».
Exercice : Prenez quelques instants tous les soirs pour réfléchir à votre journée : vous a-t-elle apporté de l’énergie ? Qu’est-ce qui vous a fait plaisir ? Avez-vous fait quelque chose que vous ne referiez pas ? Etiez-vous bien au centre de votre vie et la personne la plus importante ?Je le répète, cela ne fera pas de vous un monstre d’égoÏsme, juste quelqu’un d’heureux et de rayonnant.
Ramener du plaisir dans sa vie
Profitez des plaisirs de la vie. Tous les jours, prenez conscience de toutes ces petites choses qui vous rendent heureux. Elles sont différentes pour chacun d’entre nous, cherchez-les, trouvez-les.

p187
Préparer la reprise du travail
Travailler oui, mais autrement

p199
« Qui n’est jamais tombé n’a pas une juste idée de l’effort à faire pour se tenir debout. » Eduard Douwes Dekker (dit Multatuli).
Comme pour la dépression, le risque de rechute en sera écarté que dans la mesure où le problème qui est en cause aura été, sinon totalement, du moins en grande partie, solutionné ». La rechute est toujours bien pire que le premier burn-out. Il vous faut l’éviter comme la peste.

p207
Reviendrai-je un jour comme avant ?
« La vie, c’est comme porter un message que t’aurait confié l’enfant que tu as été un jour, au vieillard que tu seras. Et il faut faire en sorte que le message ne se perde pas en route. Et parfois, tu travailles tellement, pour t’acheter plein de trucs, et tu ne vois plus le mendiant, tu ne vois plus les choses simples. C’est comme si tu avais perdu le message de l’enfant. » Yann-Arthus Bertrand Human

Pendant leur processus de rétablissement, les burnies se demandent secrètement s’ils seront un jour de nouveau « comme avant ». Les burnies ont-ils redécouvert une part de merveilleux ? Le burn-out a-t-il été une chance de reprendre leur vie en main et de repartir du bon pied ? Le phénix renaît-il de ses cendres ?
Non, vous ne serez plus comme avant. Si vous avez bien intégré les différentes étapes de la guérison, que vous ne risquez pas la rechute, alors votre vie sera bien meilleure, vous ferez plus avec moins. Vous serez plus calme, vous irez moins vite, mais vous profiterez mieux de chaque instant de la vie.

Perdre un ami…

… et pleurer. Honorer sa mémoire et accepter que le passé jamais ne revienne…
Raviver nos partages, les ramener à la vie, une fois encore… et accepter de les laisser mourir.

Paul était l’ami d’un collègue de ma mère. Ils étaient tous les deux de Saorge, un village que je ne connaissais pas à l’époque. Il était également responsable du DEUG (les deux premières années de fac) de mathématiques à l’université de Valrose à Nice.

1991, je sortais du lycée Masséna (math sup et math spé bio), démotivée, avec l’envie forcenée de profiter de la vie plutôt que de travailler à nouveau comme un âne.
Ma mère, désespérée, avait demandé son aide à Paul : des conseils, les coordonnées d’un professeur de mathématiques qui pourrait me donner des cours et m’aider à redresser la barre…
Je me souviens de cette soirée où nous étions tous réunis dans le salon chez mes parents pour se rencontrer et partager un apéro sympathique.
Ma mère avait l’art de lier et relier les personnes, en toutes circonstances, et aujourd’hui encore, je garde de ces invitations, que je n’oserais provoquer moi-même, certainement à cause d’une timidité chronique et mal placée, des amitiés d’une grande richesse.
Quant à Paul, il avait l’art d’apporter son aide et sa maturité à tous, et notamment aux étudiants qui l’entouraient.
J’étais jeune et mal dans ma peau, en pleine crise d’adolescence et je n’ai pas su à l’époque apprécier Paul à sa juste valeur.

2013, Je débute, avec passion, le chant en chorale (avec Stéphan Nicolay), suite à un concert marquant et profond de la Sestina (dont le chef de chœur est également Stephan) à l’abbaye du Thoronet. Début septembre, j’apprends que la Sestina se produit, dans le cadre des journées du patrimoine, à Saorge.
Je laisse mûrir l’information et mes pensées vont vers Paul Silici, que je savais être maire de Saorge. Mon escapade dans l’arrière pays commence à prendre forme et je décide de contacter Paul. Peut-être se souviendra-t-il de moi et pourrons-nous prendre le temps d’échanger. Paul est ravi et m’accueille les bras ouverts. Je retrouverai également Jacqueline, son épouse et j’assisterai au concert de la Sestina, dans le cloître du très beau monastère de Saorge, entre Paul et Jacqueline.
De cette rencontre, quasiment 20 ans après les années fac, découleront des échanges enthousiastes et passionnés, sur la musique, l’écriture, la poésie, la spiritualité, la nature et la montagne, la vie, la mort…
Je reviendrai passer une journée à Saorge, je rencontrerai des personnes du conseil municipal de Paul, je monterai dans le carillon et m’assiérai sur la chaise encordée du carillonneur, j’assisterai à une fin de festin, tout ça dans le désordre, ma mémoire se trouble. Paul me montrera sa maison, son Casoun…
Il me fera également lire les première pages d’un livre qu’il souhaitait écrire sur Saorge… Il lira mes propres pages d’écritures… Il me fera découvrir de merveilleux morceaux de musique, notamment La folie d’Erasme, mise en musique et en scène par Jordi Savall, quelle merveille !
Il me prêtera des livres, me conseillera des films…
Lorsque j’irai à Vézelay, il me conseillera un hôtel et nous partagerons des écrits.
Nous nous rencontrerons également sur l’orgue. Faisant partie de la chorale de Nd de Bon Voyage à Cannes, j’avais l’occasion d’écouter des morceaux d’orgue régulièrement et je ne me lasse pas de ressentir les vibrations de cet incroyable instrument.
Nous irons ensemble au CUM, notamment pour aller entendre son ami Jean-Marc Levy Leblond, pour lequel j’ai une grande admiration, et qui a pris la parole tout à l’heure pour honorer la mémoire de Paul « musicien, mathématicien et républicain ». Les hommes comme Paul et Jean-Marc, humanistes, je veux dire à la fois scientifiques, écrivains, philosophes, musiciens, en recherche de spiritualité… sont rares et précieux.
Notre deuxième rencontre, à Paul et moi, fut pleine et vivante, source d’énergie et de joie, elle fut surtout épistolaire. Elle a eu la fulgurance des rencontres passionnées, celles où l’on voit dans l’autre une âme soeur, un frère, un autre soi…
Puis la vie m’a emmenée ailleurs et nos chemins se sont quelque peu éloignés. Paul a perdu la mairie de Saorge, quelque chose s’est cassé. Puis la maladie l’a saisi. Je suis allée le voir avec Hugo, mon fils, après son premier long séjour à l’hôpital… Merci à Jacqueline pour son accueil dans leur maison de Nice… et je ne l’ai plus revu. Jusqu’à l’athanée à Nice, aujourd’hui, dans son cercueil.
Mes deux parents ont été longuement malades et je crois que je n’ai pas voulu partager cela avec Paul. Je crois qu’il ne l’aurait pas souhaité non plus.
Pardon Jacqueline de ne pas avoir été là.
Ces derniers mois, je devais sentir le corps de Paul partir, son âme s’échapper doucement.
Je n’avais jamais fait cette randonnée jusqu’alors et cet été, mon compagnon et moi, nous nous sommes retrouvés au château de Malmort, et de là, c’est comme si je pouvais voir Paul se promener gaiement dans son fief, du temps où il était maire, me chanter Bella Ciao au coin d’une rue, me raconter un anecdote devant une maison ou un morceau de vie suite à une rencontre… Il était fier et souverain, heureux et bien vivant.
Depuis que je sais qu’il est mort, tout ce que nous avons partagé remonte à la surface. Je repasse cette page d’histoire et j’en suis profondément émue.
Merci Paul pour ces partages profonds, pour nos échanges, merci pour tout ce que tu m’as apporté. Merci pour cette fraternité profonde. Pardon de ne pas avoir été là jusqu’au bout.
Tu as une place dans ma maison, où un bougie brûle depuis mercredi pour toi. Je vais également faire brûler les encens dont la fumée n’a pas pu embaumer ton cercueil tout à l’heure.
Notre histoire pleinement ravivée vivra en moi tout le temps qu’il me sera donné de vivre. Un souffle. Une source d’inspiration.
J’ai beaucoup d’admiration pour l’homme que tu as été, un homme de valeur et d’honneur, vif et intègre, habité par un feu sacré.
J’ai beaucoup d’admiration pour le couple que vous avez su former Jacqueline et toi, solide et aimant, jusqu’au bout.

https://www.nicematin.com/vie-locale/sa-voix-resonnera-encore-longtemps-dans-le-village-paul-silici-lancien-maire-de-saorge-sest-eteint-564970

Et cette chanson se joue en moi…